Je ne suis pas de moi – Texte de Roland Dubillard – Adaptation et mise en scène Maria Machado et Charlotte Escamez avec Denis Lavant et Samuel Mercer du 10 au 23 Juin 2021 à 21 H au Théâtre du Rond- Point 2 Bis Avenue Franklin Roosevelt 75008 PARIS.

DISTRIBUTION

Texte : Roland Dubillard
Adaptation et mise en scène : Maria MachadoCharlotte Escamez
Avec : Denis LavantSamuel Mercer
Design sonore : Guillaume Tiger
Lumière : Jean Ridereau
Vidéo : Maya Mercer
Chorégraphie : Julie Shanahan (Tanztheater Pina Bausch)
Décor : Didier Naert
Costumes : Agnès b
Stagiaire mise en scène : Eugénie Divry
Coordinatrice de production : Danièle Ridereau
Régie : Christian Lapaillote

Roland Dubillard et son petit air chafouin dans La Grande Lessive de Jean-Pierre Mocky aux côtés de Bourvil et Francis Blanche, lunaire et solaire à la fois !

Je ne suis pas de moi voilà une phrase absurde qui rappelle l’autre phrase célèbre en toutes lettres sur le tableau de Magritte « Ceci n’est pas une pipe ».. Nom d’une pipe et alors ? Y a t-il des évidences trop cruelles pour ne pas désigner l’arbre qui cache la forêt ou toucher du doigt l’homme puzzle qui joue avec nos nerfs. Roland Dubillard en somme était caméléon.

Dans le spectacle conçu par Maria Machado et Charlotte Escamez à partir des Carnets en marge rédigés entre 1947 et 1997, Roland Dubillard nous tend un miroir, une sorte de lac d’argent qui célébrerait ses noces avec le théâtre. Comment s’étonner de l’apparition de ces 2 clowns dansants, Denis Lavant et Samuel Mercer qui incarnent ce récital de notes comme dans un jeu de cirque.

De sa voix caverneuse, quelque peu gouailleuse, Lavant lâche « Comme je suis nombreux ce soir, on s’écoute, c’est reposant de se tenir à distance de soi même ». Il joue l’homme mûr, heureux de ne pas pouvoir être méchant, il ne peut pas être cynique, il est celui qui s’émerveillera toujours même devant un petit suisse. Son frère siamois, son double visage, son interlocuteur céleste, Samuel Mercer ne le quitte pas des yeux. Le fil n’est pas mince qui les relie, c’est celui où vont se bousculer les mille et une pensées d’un jongleur poète de génie. Génie, le mot n’est pas trop fort, il faut le saisir dans son sens littéral, comme l’on parlerait d’un génie de la forêt ou de la montagne.

Ce qui est fascinant dans ce spectacle c’est de découvrir comment Roland Dubillard peut être si proche de nous non par la pensée-pensée, mais plutôt par la pensée sensitive. parce qu’il s’agit bien pour lui pour se supporter et supporter les autres d’ouvrir les vasques de son inconscient, c’est à dire de ne plus s’embarrasser de l’intellect mais de lâcher une pensée-mot avec ses ailes, de la même façon que dans le délire nous n’avons plus à dire que ce que nous ressentons, ce quelque chose connu, expérimenté comme inconcevable. Il y a du délire chez Roland Dubillard auquel est rattachée la douleur inexprimable – clair de lune dans la brisure -. La mélancolie existentielle favorise le délire qu’il ne faut pas confondre avec le surréalisme sauf à avouer l’impensable, notre capacité à enfermer la pensée en concepts et dogmes. Or sans liberté celle qui contraindrait un poète à rire de lui dans un miroir, comment rêver qu’un poème puisse être accueilli comme une poignée de main ou un sourire.

Question d’atterrissage ! Comment atterrir dans la volière de mots de Dubillard ? Sur scène deux Roland s’interpellent, l’homme (Denis Lavant) et le jeune homme (Samuel Mercer) . Roland s’adressant à lui même aime bien se contredire; de sa familiarité avec les mots, il puise son énergie exploratrice comme un poète bondissant et certainement amoureux de la vie. Denis Lavant fait offrande au public d’un de ses contes libertins pas piqué des hannetons !

Quelle belle idée d’avoir confié à Denis Lavant et Samuel Mercer cette rencontre avec Roland !

Une grande liberté se dégage de la mise en scène laissant libre cours à l’imagination du spectateur ! Pour ma part, j’ai cru voir deux oiseaux-lyre dans la volière de mots de Roland et j’ai été enchantée !

Eze, le 23 Juin 2021

Evelyne Trân

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