Le souffleur de Emmanuel Vacca – Mise en scène de Paolo Croccco au Studio Hébertot du 9 au 12 juin à 19h dans le cadre du festival Phénix et au festival off d’Avignon du 7 au 31 Juillet 2021 à 17 H 15 au Théâtre Au coin de la Lune 24 Rue Buffon 84000 AVIGNON .

Distribution
Texte : Emmanuel Vacca
Mise en scène et interprétation : Paolo Crocco
Collaboration artistique : Fabio Marra
Lumière : Luc Dégassart
Régie plateau : Alberto Taranto
Composition : Claudio Del Vecchio
Costumes : Pauline ZuriniBernadette Tisseau
Construction Décor : Claude Pierson
Production : Cie Dell Edulis / Pony Production
Diffusion : Pony Production – Sylvain Berdjane

A la fin de la première mondiale de Cyrano de Bergerac, le 28 Décembre 1897, Ildebrando Biribo le souffleur du Théâtre de la Porte Saint Martin fut retrouvé mort dans son trou de souffleur.

Ce fait divers a t-il défrayé la chronique à l’époque ? L’auteur de cette pièce, l’artiste Emmanuel Vacca récemment décédé, délibérément élude la question et ce faisant les interrogations des spectateurs. C’est le personnage qui l’intéresse qui fait partie de l’histoire du Théâtre. Il incarne cette passion sans bornes pour le théâtre et toutes ces petites mains invisibles qui veillent à l’ombre à la réussite d’un spectacle et sur qui tout comédien peut compter .

Le métier de souffleur qui a disparu pourrait paraître ingrat et particulièrement frustrant pour tout aspirant comédien. Dans son Chant du cygne, Tchekhov le met en scène à travers le personnage de Nikita Ivanitch un sans domicile fixe qui devient l’interlocuteur d’un vieux comédien vedette Svetlovidov.

Qui mieux qu’un personnage sorti de l’imagination d’un auteur – car l’imagination se moque des règles de l’espace-temps et des mesquineries de détails trop matériels – pourrait invoquer l’esprit du souffleur.

Il appartenait autrefois au souffleur d’anticiper toute défaillance et trous de mémoire des comédiens, véritablement scotché à leur respiration, il devait pouvoir leur souffler le texte immédiatement , ce qui signifiait que le texte, il le connaissait par cœur.

Aujourd’hui ce sont les oreillettes qui remplacent le souffleur. On n’arrête pas le progrès !

Emmanuel Vacca raconte qu’Ildebrando fut convoqué par Coquelin aîné , ce fameux jour du 28 Décembre 1897, pour lui annoncer brutalement qu’il n’avait plus besoin de ses services. Son dernier jour était arrivé et parait-il Coquelin eut besoin de lui ce jour là . Comme il venait d’avaler de la mort au rat, c’est agonisant qu’il termina son travail.

Nous l’apprenons juste à la fin du spectacle. Car Ildebrando Biribo superbement interprété par Paolo Crocco n’a pas vocation à parler de sa fin tragique . C’est de la vie de souffleur qu’il a envie de parler .

Dans sa note d’intention Emmanuel Vacca s’explique :

« Le personnage est une âme. Une âme dans mon imagination représente un être sans attache, en dehors de toutes nos souffrances terrestres, libre de pouvoir suivre à son gré le monde intérieur qui l’habite. C’est de cette façon que je peux expliquer la structure de mon texte fait d’idées et de récits qui se croisent, se coupent et se retrouvent, de mélange de comédie, de drame, de conte qui enlève au public la possibilité de savoir tout au long de l’action ce que sera la suite. »

Et ce personnage n’a qu’un seul projet, celui de parler de sa vie de souffleur avec bonheur en racontant ce qui lui passe par la tête ses délires, ses fantasmes, avec facétie et philosophie tire bouchonnant tous ces mythes accrochés à cette spirale qui enchaîne la vie à la mort ou inversement, pour nous faire tourner la tête et nous faire rire d’Adam et Eve, du Grand Manitou, de ce qui est vrai et n’est pas vrai mais qui au théâtre s’anime et il suffit d’être sur scène pour le vivre. Oui, dîtes que vous êtes un arbre, mimez l’arbre et les spectateurs vous croiront ! Sur scène c’est possible, ailleurs, on vous prendrait pour un fou .

Paolo Crocco qui a repris le rôle d’Ilbrando est génial de drôlerie, de présence, il sait aussi être grave et bouleversant. Nous arrêtons là la description pour ne pas déflorer la pièce. Allez y, voilà un spectacle qui ne manque pas de souffle c’est bon pour le moral !

Paris, le 23 Juin 2021

Evelyne Trân

P. S : Article précédemment paru sur Le Monde Libertaire.net du 14 Juin 2021

https://www.monde-libertaire.fr/?article=le_brigadier_de_la_mi-juin

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