Correspondance avec la mouette d’après ANTON TCHEKHOV & LIKA MIZINOVA Mise en scène NICOLAS STRUVE – Les Déchargeurs 3, rue des Déchargeurs RDC Fond Cour 75001 Paris – Date(s) : du 4 fév 2020 au 29 fév 2020 – Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 19h – Durée : 1h10

bandeau_mouette3

D’après la correspondance entre Anton Tchekhov et Lika Mizinova
Traduction, adaptation, mise en scène Nicolas Struve
Geste scénographique Georges Vafias
Lumières Antoine Duris
Chorégraphie Sophie Mayer
Jeu David Gouhier, Stéphanie Schwartzbrod
Coréalisation La Reine Blanche – Les Déchargeurs & Cie l’Oubli Des Cerisers
Production Cie l’Oubli des cerisiers

Par esprit, rien que par esprit, c’est-à-dire sur le mode de l’évocation un peu comme lorsque Mallarmé dit « Une rose » et celle-ci apparaît.

 Cette légèreté est perméable dans les lettres que s’échangent Lika Mizinova et Tchekhov durant une dizaine d’années. Il y plane l’instant et le sentiment de l’éternité, celle de l’attente d’ultimes retrouvailles parce qu’il y a, c’est compréhensible à demi-mot, à la fois le désir et la crainte de cette fusion entre deux êtres qui s’appelle l’amour.

 Lika Mizinova, c’est quasiment l’âme sœur de Tchekhov. Chacun s’inquiète l’un pour l’autre et parmi leurs pensées, certaines semblent jetées comme des bouteilles à la mer, toujours dans l’espérance de leur réception, mais aussi avec la prégnance de l’incertitude, de l’écume des jours et de l’inconnue de la vie de l’autre.

 Il y a cette fulgurance de l’instant évanoui. La pensée se pose, s’éternise au bout des lèvres et puis s’envole un peu comme un oiseau, cette mouette si indépendante qu’elle ne se soucie pas d’être regardée et toujours au moment où l’on ne s’y attend pas s’élève dans le ciel.

 Ah ces mots qui ne seraient là que pour toujours retenir une âme prête à s’envoler vers une destination inconnue ou chez l’être espéré, invoqué qu’il ne faut surtout pas brusquer sinon par quelques flèches d’humour, de moquerie pour l’entendre comme s’il était vraiment là, rire et sourire tel un rayon de soleil soudain envahit une pièce solitaire. Qui est là derrière le soleil sinon l’être aimé.

 La mise en scène inspirée de Nicolas STRUVE, sobre et retenue comme sur un fil invisible, donne toute liberté aux deux comédiens de suggérer sur leur nuage, telle une partition comment ils rêvent leur amour bien au-dessus des parapets des mots.

 Rimbaud souhaitait peindre des vertiges, nous spectateurs nous les avons touchés, devinés, car l’histoire d’amour entre Lika et Tchekhov est aussi charnelle et la chair n’est pas triste si l’amour est là. Que dire de plus sinon que Stéphanie SCHWARTZBROD et David GOUHIER forment un prodigieux couple de mouettes ! Ne manquez pas ce spectacle !

Paris, le 14 Février 2020

Evelyne Trân

Laisser un commentaire