
du lundi 27 janvier au mardi 11 février
lundi 27 janvier 10h et 14h30
mardi 28 janvier 10h et 14h30
jeudi 30 janvier 10h et 14h30
vendredi 31 janvier 10h et 14h30
samedi 1er février 18h
dimanche 2 février 17h
lundi 3 février 10h et 14h30
mardi 4 février 10h et 14h30
jeudi 6 février 10h et 14h30
vendredi 7 février 10h et 14h30
samedi 8 février 18h
dimanche 9 février 17h
lundi 10 février 15h
mardi 11 février avec Rémi Fortin ou Zacharie Lorent
adaptation, mise en scène Cendre Chassanne, Carole Guittat
d’après le livre de Fabio Geda
images Mat Jacob/Tendance floue
montage José Chidlovsky
création lumière et régie générale Sébastien Choriol
création son et régie lumière, son, vidéo Edouard Alanio
construction du dispositif scénique Sébastien Choriol, Edouard Alanio, J-B. Gillet
Production Compagnie Barbès 35 Coproduction Théâtre d’Auxerre – scène conventionnée, La Cité de la Voix – Vézelay, Théâtre Dunois – Paris
Aide à la création DRAC Bourgogne Franche-Comté, Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté, Conseil départemental de l’Yonne
Soutien La Minoterie – création jeune public et éducation artistique – Dijon, Nouveau théâtre de Montreuil – CDN, Maison des métallos – Paris, Bourgogne Active
Il n’avait que dix ans lorsque sa mère l’a conduit clandestinement au Pakistan afin qu’il échappe aux persécutions des Hazaras, l’abandonnant entre les mains d’un propriétaire de maison d’hôte qui l’a hébergé en contrepartie de son travail, l’école de la vie en quelque sorte pour ce môme.
Enaiat n’a pas besoin de tel commentaire, il rapporte juste les faits, le souffle coupé, comme s’il revivait encore et encore ses événements qui ont mis fin à son enfance du jour au lendemain. Jamais, il n’aurait voulu quitter son village très pauvre où sa famille disposait d’une vache, deux brebis et un champ de culture de blé, il était juste heureux. Quelle école de la vie pour cet enfant qui assiste au meurtre de l’instituteur par des talibans, au sein même de son école. Les talibans pas seulement Afghans, mais aussi Pakistanais, Egyptiens ou Sénégalais «Des ignorants qui empêchent les enfants d’apprendre » s’indigne Enaiat.
Enaiat n’a pour bagage que quelques instructions de sa mère : ne pas prendre de la drogue, ne pas utiliser d’armes, ne pas voler. Ultimes recommandations d’une mère à son fils avant leur séparation permettant d’imaginer l’état de désarroi et d’angoisse de la mère.
« Il te faut toujours avoir un rêve au-dessus de la tête qui te porte quel qu’il soit ». Il faut croire qu’Enaiat avait au moins le courage, l’inconscience de l’innocence. Comment devient- on migrant, balloté de pays en pays ? Quelle est donc cette spirale qui fait d’un enfant un migrant ? C’est qu’il est impossible de se résigner à la misère, aux squats, aux camps de détention, à l’esclavage du travail. Dès lors, comment ne pas devenir la proie des trafiquants d’hommes qui proposent toujours un avenir meilleur dans un autre pays, au prix de quelques années de travail, d’épuisants et dangereux périples à travers les frontières. Enaiat finira par être accueilli par une famille en Italie, reprendra les chemins de l’école. Il a désormais 15 ans mais sans doute est-il bien plus âgé dans sa tête. Il dit seulement à la fin du récit « Je suis vivant ! ».
Inspirée de l’histoire vraie d’Enaiatollah Akbari rapportée dans le livre « Dans la mer, il y a des crocodiles » de Fabio GEDA, la mise en scène très épurée de Cendre CHASSANNE et Carole GUITTAT s’érige en porte-voix du témoignage d’un enfant à l’état brut, qui raconte son histoire, sans intention de faire pitié, pour dire simplement comment, pourquoi, il est un rescapé et exprimer sa reconnaissance à ceux qui l’ont accueilli.
Sans doute est-il plus évident de porter une oreille sensible au témoignage d’un enfant innocent. Une chose est sûre, c’est que notre regard sur les migrants en général, a besoin de projecteurs sur l’humain. On ne nait pas migrant, on le devient par malheur. Le courage d’Enaiat, son bonheur d’entendre sa mère au téléphone après plusieurs années de séparation, justifient au-delà de tout discours, ceux qui tendent leurs mains aux migrants.
La présence de Rémi FORTIN fait penser à un petit Prince moderne qui porterait la nuit sur ses frêles épaules et aurait le pouvoir de l’apprivoiser, apprivoiser ses crocodiles, grâce à sa capacité d’étonnement, un désir de vivre invincible. C’est troublant et beau, c’est une parole d’espoir !
Paris, le 20 Mai 2018
Mise à jour le 17 Janvier 2020
Evelyne Trân