Photo Alain Julien
Mise en scène Agnès RENAUD
Texte Stanislas COTTON (édité chez Lansman Editeur)
Avec Marion BOTTOLLIER
Chorégraphie Marjory DUPRÉS
Scénographie Anne BOTHUON
Lumières Véronique HEMBERGER
Univers sonore Jean DE ALMEIDA
Costumes et accessoires Lou DELVILLE
Conseil marionnettique Brice COUPEY
Régie Jérémy PICHEREAU
L’enfant qui pousse dans le ventre de sa mère ne tombe pas du ciel. Il est tellement familier de dire d’une femme, elle est tombée enceinte !
Le ventre de la mère, le voilà l’humus, berceau de l’enfant. Chaque ventre a son histoire. Stanislas COTTON dans ce long poème dramatique LE PETIT BOUCHER dirige sa baguette de sourcier, de conteur autour du ventre d’une très jeune fille Félicité qui a été engrossée par le boucher du village à la suite d’un viol.
Comment se remettre d’un viol qui laisse la victime sans voix. Car c’est bien de çà qu’il est question, cette sensation de la victime d’avoir été précipitée dans un précipice dont elle ne peut se relever qu’en morceaux.
Voilà la vie de Félicité qui défile à cent à l’heure avec ses moments joyeux, comme une bouée de sauvetage car elle aime la vie Félicité, car elle serre dans son cœur tout un village et même une forêt où elle s’est réfugiée avec sa famille pour échapper à la guerre.
Elle court à perdre haleine dans sa petite tête alors que son corps est immobilisé à l’hôpital et qu’elle va devoir mettre des mots sur ce qui lui arrive :
L’épouvante laisse dans l’esprit
Un vide sidérant
Au bord duquel funambule la raison
Quel interlocuteur possible ? Aucun, ses parents l’ont rejetée, Antonin son amoureux est mort, Félicité alors s’adresse à l’enfant dans son ventre qu’elle appelle le petit boucher, pour lui interdire de sortir.
Mais il y a cet amour de la vie exacerbé par une émotion extraordinaire, celle viscérale d’avoir échappé à la mort et d’espérer, encore espérer.
Quels mots peut-on mettre sur ce qui ne peut se dire
C’est un pays de sensations résolument rattachées à la terre parcourue par une jeune fille à pieds nus, que nous dépeint Stanislas COTTON.
La metteure en scène Agnès RENAUD, l’a parfaitement compris qui offre à ce poème ardent mais jamais pathétique, un regard plein de douceur qui permet de filtrer comme si nous étions nous-mêmes cet enfant à l’intérieur du ventre, les sensations qu’inspire la présence physique intense de la comédienne, Marion BOTTOLLIER,
L’équipe artistique s’est bellement inspirée du texte fascinant de Stanislas COTTON, pour exprimer ce qu’il entend communiquer, l’aspect sensoriel d’un seul fil celui qui nous relie à la vie.
Paris, le 29 Mai 2019
Evelyne Trân