MISE EN SCÈNE=Bernadette Le Saché
Illustration de Clément Vuillier
AVEC : Claire Aveline, Élisabeth Bouchaud et Karim Kadjar
DÉCORS : Juliette Azémar.
CONSTRUCTION DÉCORS :Félix Baratin
PEINTURE :Lisa Favreau et Juliette Azémar
TEXTILES : Adèle Arnaud
COSTUMES : Karen Serreau
CRÉATION SONORE : Stéphanie Gibert
CRÉATION LUMIÈRE : Paul Hourlier
« Le paradoxe des jumeaux » le titre de la pièce de Jean-Louis BAUER et Elisabeth BOUCHAUD est une véritable énigme. Il importe de lui conserver son mystère car il infuse tout son charme à un fait divers qui a fait scandale à l’époque où Marie Curie se préparait à recevoir son 2ème prix Nobel.
Jusqu’à sa mort et bien au-delà, Marie Curie a toujours été associée à son mari Pierre Curie. Dès lors, la liaison amoureuse qu’elle eut avec Paul Langevin, un ancien élève de de Pierre Curie, fait tache et ternit le tableau de la veuve austère ne vivant qu’à travers l’aura de son illustre époux.
Il fallait rendre justice à Marie Curie, bousculer quelque peu son image officielle pour humaniser cette personnalité hors du commun.
Marie Curie était veuve depuis 5 ans lorsqu’elle entama sa brève liaison avec Paul Langevin, juste un éclair de passion, un mirage « radioactif » dont la révélation dans des journaux de scandales ébranla cette nature fière et passionnée. Elle fut trainée dans la boue, elle était devenue « L’Etrangère » qu’il fallait expulser.
La pièce qui relate donc ce fait divers sentimental et scandaleux s’appuie essentiellement sur les personnalités de Marie Curie, sa sœur Bronia et Paul Langevin.
La couleur dramatique revient à Marie Curie incarnée de façon bouleversante par Elisabeth BOUCHAUD et à Bronia sa sœur, interprétée si justement par Sabine HAUDEPIN. Karim KADJAR quant à lui donne un caractère très enjoué au personnage de Paul Langevin, un savant aussi bien allumé par ses sens que par ses futures découvertes.
Pas question de sombrer dans le pathétisme, avec le recul cette histoire d’amour entre deux savants n’a pas de quoi défrayer les chroniques. Comment expliquer à un enfant d’aujourd’hui qu’au début du siècle dernier l’adultère était un crime, le divorce très rare et surtout que les femmes devaient toujours rester à l’ombre de leurs maris et se consacrer au foyer.
Marie Curie fut l’exception qui confirme la règle et cette pièce rappelle avec quel cran, elle assuma sa vie de femme libre et sur tous les plans, aussi bien professionnel qu’affectif.
Jeux de l’amour et de la science ! Avec brio, la plume des deux auteurs fait touche sur la belle effervescence qui s’empare des deux savants à l’assaut de grandes découvertes. Que leur passion pour la science les réunisse corps et âme, cela n’a rien d’étonnant.
La théorie de la relativité telle qu’elle est présentée par Paul Langevin dans cette pièce, fait tout simplement rêver !
La mise en scène très souple de Bernadette LE SACHE favorise cette impression d’éclair fusionnel entre deux amoureux de la science, un éclair expressif qui embellit, humanise ces deux visages de femmes si bien incarnés par Elisabeth BOUCHAUD et Sabine HAUDEPIN ( remplacée par Claire AVELINE à AVIGNON), sans oublier ce coquin de Paul Langevin interprété par Karim KADJAR.
Un spectacle en guise de cocktail sentimental et scientifique délicieusement dosé !
Paris le 18 Février 2019
Mise à jour le 14 Juin 2019
Evelyne Trân
A reblogué ceci sur THEATRE AU VENT.
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