Tournée
• 30 janvier au centre culturel L’illiade de Seyssinet-Pariset
• 4 avril à l’ATP d’Uzès
• 6 avril au centre culturel d’Alénya
• 17 & 18 avril à Pézenas avec le Théâtre de Pézenas, le Théâtre Le Sillon-Scène conventionnée d’intérêt national Art en Territoire et SortieOuest-EPIC Hérault Culture – 20h45
• Juillet 2019 à La Manufacture à Avignon
Assistanat mise en scène Anna Zamore
Collaboration artistique
Félicie Artaud
Scénographie
Claire Farah
Construction décor
Bernard Caumel
Création sonore et
régie générale
Antoine Blanquart
Création lumière
Claire Eloy
Régie lumière
Bruno Matalon
Les catastrophes nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima, nous en avons tous entendu parler et à vrai dire nous préférerions ne pas y penser, il y a tellement d’autres urgences à régler au jour le jour au quotidien.
Aurélie NAMUR justement s’est saisie de cette notion du quotidien de façon très perméable pour écrire une pièce qui mobilise à la fois notre imaginaire et notre conscience.
Elle entend faire partager l’émotion qu’elle a ressenti lors de la réception d’un documentaire « Le monde après Fukushima » de Kénichi WATANABE et une scène en particulier où l’on voit une mère exhorter sa fille de 6 ans « à ne jouer dehors qu’une heure seulement, et à ne pas toucher le sol… ».
Une perspective de fin du monde en quelque sorte où tout ce qui fait partie de l’ordinaire, est soudain remis en question, requiert une vigilance, une attention de tous les instants parce que le sol se trouve contaminé et qu’il n’est plus possible de se déplacer sans un dosimètre mesurant la radioactivité.
La pièce met en scène une famille juste composée du père, de la mère et de leur petite fille, réfugiés dans un préfabriqué à quelques kilomètres du lieu de la catastrophe.
Il faut pourtant continuer à vivre, supporter le sentiment de se trouver en quarantaine, coupés du monde par le malheur. Les parents composent avec leurs angoisses car crier au secours devient dérisoire.
Vivre au jour le jour désormais prend tout son sens. Il n’y a plus de place pour les futilités extérieures. Il faut reprendre possession de soi, de l’essentiel, ses rêves, ses sentiments. Dans une telle situation, lever les yeux vers la lune, lui parler comme fait la mère c’est du bonheur.
Et puis il y a l’être enfant, la petite fille qui dispose d’un tel capital de vie qu’il est impossible d’oublier son rayonnement. Comme si l’enfant avait d’autres antennes que celles des adultes.
La petite fille prénommée Alice comprend le danger mais il ne lui fait pas peur. Elle réussit à communiquer avec les animaux dont elle capte la présence souvent invisible mais irrésistiblement prégnante. Une biche qu’elle poursuit jusque dans un terrain très éloigné de son gite, devient son interlocutrice fantastique et magique.
Mais que vient donc faire le rêve dans la réalité ? Le rêve nous parle de vie possible, de lutte pour la vie, d’instinct de vie qui bataille contre l’instinct de mort.
La pièce d’Aurélie NAMUR, de facture très poétique questionne notre présence au monde. Puisque nous ne pouvons pas nous mettre à la place des irradiés de Fukushima, elle a transposé l’histoire dans un pays imaginaire où il est juste question d’humains dont les expériences tragiques interrogent notre avenir, celui primordial de nos enfants.
Elle plonge le noyau dur, celui d’une situation extrême, dans le courant d’un rêve qui permet d’entrer dans les têtes des personnages de façon fluide, d’intercepter leurs mouvements, leurs sensibilités de l’intérieur. Tout devient langage dans le sable mouvant de la pensée, tous les sens sont sollicités.
A la fois dépouillée et onirique, la mise en scène réussit de façon surprenante à nous parler d’un sujet particulièrement difficile, les catastrophes nucléaires, par le prisme du rêve, du fantastique.
Il s’agit d’un spectacle merveilleusement sensible, interprété par des comédiens particulièrement réceptifs, sans d’autre prétention que de nous parler doucement, en s’adressant aussi bien à l’enfant qui est en nous qu’à l’adulte responsable, de l’avenir du genre humain, ici et maintenant.
Paris, le 25 Décembre 2018
Evelyne Trân |