CHEMIN DE NUIT EN MEMOIRE D’AIME CESAIRE – RABORDAILLE – Poème de Jean-Marie BLANCHE accompagné par les musiciens Michel SEULS et Tim LASER le 13 Avril 2013 à SALLE DE LA LEGION D’HONNEUR à 93200 SAINT DENIS –

 

 

R A B O R D A I L L E

Mince pellicule de cette terre soumise,

Géante catastrophe, parole déployée,

Le cauchemar hoquette du fond de ton abîme

Où passent des astres à la gorge enflammée.

 

La bouche des malheurs à l’âme aux bras croisés

Du dernier baobab à savoir supporter

Tous les mots de la langue d’ancêtres mutilés

Danse sur l’étendue sacrée du sang brûlé.

 

Mais ça ne veut pas dire grand-chose.

Au pied du baobab, un homme est vain.

Sa fureur, dans l‘écoulement du paysage,

S’abandonne aux noctambules des confins.

 

Nomade du roi Christophe, étoile de jadis,

En gage d’amitié du libre choix sans vice,

Tu en vivras l’inceste dans un champ de maïs :

Saccage et corrosion de ton corps d‘Anubis.

 

Peuple ! À toi les amours d’Uranus.

 

Dans les remous des marécages,

La roue dentée, sans imagination,

Des excréments vomis en cage,

Fait ricaner le fouet de la malédiction.

 

Chimères à coup de cœur, lente maturation

De la mangue au rebut, nègrerie,  pulsation,

La musique n’est pas clandestine :

Bambous, détonations.

 

À la mémoire reconquise.

Ainsi soit-il de ma bouche en fusion !

Jean-Marie BLANCHE

 

 

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