R A B O R D A I L L E
Mince pellicule de cette terre soumise,
Géante catastrophe, parole déployée,
Le cauchemar hoquette du fond de ton abîme
Où passent des astres à la gorge enflammée.
La bouche des malheurs à l’âme aux bras croisés
Du dernier baobab à savoir supporter
Tous les mots de la langue d’ancêtres mutilés
Danse sur l’étendue sacrée du sang brûlé.
Mais ça ne veut pas dire grand-chose.
Au pied du baobab, un homme est vain.
Sa fureur, dans l‘écoulement du paysage,
S’abandonne aux noctambules des confins.
Nomade du roi Christophe, étoile de jadis,
En gage d’amitié du libre choix sans vice,
Tu en vivras l’inceste dans un champ de maïs :
Saccage et corrosion de ton corps d‘Anubis.
Peuple ! À toi les amours d’Uranus.
Dans les remous des marécages,
La roue dentée, sans imagination,
Des excréments vomis en cage,
Fait ricaner le fouet de la malédiction.
Chimères à coup de cœur, lente maturation
De la mangue au rebut, nègrerie, pulsation,
La musique n’est pas clandestine :
Bambous, détonations.
À la mémoire reconquise.
Ainsi soit-il de ma bouche en fusion !
Jean-Marie BLANCHE