
Distribution
D’après William Shakespeare
Adaptation et mise en scène Jérémie Le Louët
Collaboration artistique Noémie Guedj
Avec Pierre-Antoine Billon, Julien Buchy, Anthony Courret, Jonathan Frajenberg, Jérémie Le Louët et Dominique Massat
Scénographie Blandine Vieillot
Costumes Barbara Gassier
Construction Guéwen Maigner
Vidéo Thomas Chrétien et Jérémie Le Louët
Lumière Thomas Chrétien
Son Thomas Sanlaville
Régie Thomas Chrétien en alternance avec Maxime Trévisiol, et Thomas Sanlaville
Diffusion Noémie Guedj – E-mail – 06 99 38 15 30
Production
Production Compagnie des Dramaticules
Co-production Les Bords de Scènes – Théâtres et Cinémas à Juvisy-sur-Orge, Théâtre de Chartres, le Prisme à Elancourt, Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine
Avec l’aide à la création du Conseil régional d’Île-de-France, du Conseil départemental de l’Essonne et de l’Adami
Avec le soutien du Théâtre de Châtillon et du Centre d’Art et de culture de Meudon
La Compagnie des Dramaticules est en résidence au Prisme-Théâtre municipal de la Ville d’Élancourt (78). Elle est soutenue par le Conseil régional d’Île-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle, par le Conseil départemental du Val-de-Marne au titre de l’aide au fonctionnement et par la Ville de Cachan.
Si lors d’une consultation psychanalytique, vous vous surprenez à parler d’Hamlet, vous pouvez penser qu’à votre insu, vous avez sûrement écopé du syndrome d’Hamlet.
Mais il n’est pas besoin de tourner autour du fauteuil de Freud pour plonger dans l’univers d’Hamlet. Hamlet est une figure strictement théâtrale dans la mesure où son apparition pointe du doigt tous les petits Hamlet anonymes, infantiles, tous les exclus de la norme et de la convention, du politiquement correct, qui n’auraient d’autre excuse que d’être fous, malades, inadaptés, insupportables.
Hamlet fait mal, Hamlet est odieux et particulièrement dangereux parce qu’il refuse les apparences et qu’il est susceptible de déchirer les voiles, démasquer quiconque retranché dans ses mensonges, ses peurs, ses illusions, et il frappe aussi bien sa mère, son beau-père, son amante Ophélie …
Et pourtant, une certaine candeur émane de ce personnage comme celle d’un enfant qui exprime ses sentiments sans s’occuper du qu’en dira-t-on. En somme, quoique cela soit quelque peu réducteur, il est possible de voir en Hamlet, un adolescent attardé qui ne cesse de se faire violence, coincé entre un moi néantisé et un surmoi représenté par les instances patriarcales, le père fantôme, le beau-père et sa propre mère.
Le théâtre justifie cette tentation de dépassement, d’irruption d’un moi imaginaire qui catalyse l’énergie, effectue le va et vient entre une réalité condescendante et ses manifestations indécentes, obligeant l’acteur à endosser plusieurs peaux, et parfois à commettre l’effraction, la pire ou la meilleure celle d’Hamlet qui plonge sa main dans son cœur au risque d’en crever.
La mise en scène de Jérémie Le Louët, magnifique interprète d’Hamlet, fait penser à un inventaire désordonné et fou que le personnage lui-même aurait culbuté dans un grenier enchanté où pèle mêle se retrouvent les photos des rois et des reines sur papier glacé de Jour de France, l’ambiance désuète et vaporeuse d’un salon de casino, les copies de tableaux de maîtres, les coulisses d’un théâtre musée avec tous ses accessoires et même les silhouettes cartonnées de Victor Hugo et Shakespeare.
Le dispositif vidéo devient un outil théâtral parfaitement maîtrisé qui manifeste sa réelle impudeur, sa volonté de voyeurisme, son aspect prédateur. Il faut voir comment Laërte, ce personnage secondaire se transforme soudain en tribun ouvriériste opposant au pouvoir du Roi fantoche.
Un sale gosse que cet Hamlet qui ose donner un coup de pied dans la montagne des archives et des commentaires le concernant, le résultat est un spectacle déboussolé, déconcertant, festif et visuellement captivant, servi par des comédiens remarquables qui jouent plusieurs rôles.
Une réussite spectaculaire qui fait résonner cette jeunesse qui bouillonne chez Hamlet, en tant que phénomène théâtral !
Paris, le 25 Novembre 2018
Mise à jour le 14 Juin 2019
Evelyne Trân
A reblogué ceci sur THEATRE AU VENT.
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