- DISTRIBUTION
Avec : Logan Antuofermo, Clémentine Aussourd, Salomé Ayache, Louis Berthélémy, Adrien Dewitte, Ahmed Hammadi Chassin, May Hilaire, Virgil Leclaire, Margot Madani, Florence Mazot, Lisa Toromanian
Suzanne Barbaud Scénographie
Jeanne Bred Assistant(e) à la mise en scène
Marc Bretonnière Régie son
Lauriano De La Rosa Régie lumière
Vincent Détraz Direction technique
Chloé Lasne Assistant(e) à la mise en scène
Frédéric Pickering Régie vidéo
Frédéric Plou Régie générale
Sophie Schaal Création costumes
Léon Touret Direction technique
Juliette Salles (Assistante direction technique)
« Zone à étendre », le titre de la pièce fait évidemment référence à la Zone à défendre. Il s’agit d’une projection poétique, fantastique et au demeurant politique des motivations des zadistes, les plus connus étant ceux qui se sont manifestés récemment à Notre-Dame des Landes.
Des rats des villes qui se transforment en rats des champs, pourquoi et comment ? La découverte de la forêt par des individus qui n’ont jamais connu que la ville, peut faire sourire tant elle parait naïve. Le ras de bol du capitalisme invasif peut-il suffire à renverser la vapeur, à transformer l’homme civilisé en homme des bois.
« Chassez le naturel, il revient au galop » Le hic, c’est qu’aujourd’hui, le sentiment d’avoir perdu le contact avec la nature, est révélateur du fossé entre l’homme préhistorique et l’homme moderne.
Reprendre possession de son corps, de ses émotions, en recherchant une communion avec la nature, en explorant un autre mode de vie, capable de faire front à une société sans âme qui n’entend rien aux élucubrations de quelques individus qui choisissent l’exil au milieu du pays, pour éprouver leurs propres moyens de subsistance, prendre du recul face à cette sensation de rouleau compresseur d’une économie qui broie les corps et les âmes et dénature la terre, telles sont les motivations des personnages de cette pièce, qui invoquent l’appel de la forêt.
Touchons donc du bois ! Car il est possible de rester sceptique. C’est l’ordre mondial qui est en cause. Allez dire à un écologiste que la voiture, l’ordinateur, le téléphone portable qu’il utilise en permanence ne sont pas écologiques !
Ne nous voilons pas la face, seuls quelques individus rejoindront la forêt et mèneront des tentatives alternatives de vie en communauté. Vivre à l’écart de la société, c’est possible mais être au monde, c’est une autre histoire. L’homme, cet insecte nuisible, le plus grand prédateur de cette terre a vendu son âme. Les marchands de soleil, de lune, de forêts et de mers ne sont pas prêts à disparaître.
En attendons, rêvons comme nous y invite l’émulsive mise en scène de Gérard Watkins réussissant à mobiliser l’énergie juvénile et si attractive des élèves du Conservatoire qui remuent avec allégresse au propre et au figuré une terre nourricière, en s’y frottant, en s’y jetant, parce qu’elle est pour de vrai, l’inspiratrice du poème de Mariette NAVARRO fascinée par cette figure de la forêt « qui avance et va renverser le pouvoir » dans plusieurs pièces de Shakespeare, Macbeth, Le songe d’une nuit d’été, et Comme il vous plaira.
Les élèves de l’atelier de 3ème année allument une forêt qui stimule manifestement leur rêve de communauté théâtrale, sous les auspices d’auteurs vivants qui brassent l’air du temps tout en méditant cette pensée de Shakespeare « Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves ».
Paris, le 19 Novembre 2018
Evelyne Trân