Texte et poèmes : écriture collective, Anton Tchékhov, Bertolt Brecht , Alexandre Blok, Vladimir Maïakovski… Avec : Evguenia Peters (Génia), Daria Lovat (Dacha), Tatiana Paramonova (Tania), Ruslan Sabirov (Sergueï) Danse, mime : Eléna Garcia-Benites Musique : Daria Lovat (violoncelle), Evguénia Peters (piano) et Mike Ellis (saxophone) Chansons : Cabaret soviétique, romances russes et tsiganes, Marlène Dietrich, Liza Minelli, Alexandre Vertinski, Kurt Weill/Bertolt Brecht, Hanns Eisler/Vladimir Maïakovski, Egor Létov, Barbara, Edith Piaf, Frehel, Lucienne Delyle, Dépêche mode, Muse, chant lyrique, etc. Durée du spectacle 1h20, spectacle en français et en russe surtitré
Elles se sont échappées de la célèbre pièce de Tchekhov Les Trois Sœurs, et n’ont pour tout bagage que leurs voix, leurs instruments de musique, le violoncelle et le piano pour une tournée chorégraphique et musicale autour de la Russie et même bien au delà.
C’est à un voyage très singulier auquel nous convie cette récréation collective où les comédiennes chanteuses russes se racontent et se dévoilent à travers leurs choix artistiques de poèmes, chansons, coups de cœurs qui témoignent de leurs migrations successives, leur permettant de créer des ponts, de subjuguantes passerelles entre différents cabarets, berlinois, soviétique, parisien.
Evguenia Peters (Génia), Daria Lovat (Dacha), Tatiana Paramonova (Tania), disposent d’un goût prononcé pour l’éclectisme puisqu’elles peuvent aborder tous les styles, se mouvoir aussi bien à travers les romances russes que le rock russe ou anglophone.
Il semble que le metteur en scène Bruno Niver ait donné carte blanche à ces femmes oiseaux émotives, emportées et fragiles comme certains personnages de Tchekhov.
Mais il s’agit ici d’une fragilité de roseau qui plie et ne rompt pas, réceptif à une multitude de souffles transformant leurs corps en véritables éventails musicaux, découvrant leur espace-temps intime, volontairement éclaté.
Et puis il y aussi ce bonheur de se laisser toucher par la beauté des intonations de la langue russe, même sans la comprendre.
A noter également la belle présence de Ruslan Sabirov qui fait résonner la révolte toujours actuelle du poète Maïakovski et l’étrangeté exquise de la danseuse Elena Garcia.
Un spectacle très personnel et original qui se déploie comme un kaléidoscope intime, un tourbillon de rêves et de chansons à ciel ouvert, à vol d’oiseau musical nostalgique et révélateur.
Paris, le 13 Novembre 2018
Evelyne Trân