Jeunesse-credit-Victor-Clayssen
Jeunesse-credit-Victor-Clayssen
Se laisser porter juste par ses rêves, pour partir en haute mer et revivre des émotions extra-terrestres, c’est le voyage hors du commun auquel convie ses auditeurs, un homme mûr qui tel Ulysse se laisse assaillir par les sirènes de la jeunesse.
La dimension onirique du récit de Joseph CONRAD est formidablement mise en valeur dans le spectacle conçu par Guillaume Clayssen.
Le narrateur donne l’impression musicale d’invoquer l’esprit de jeunesse qu’il associe aux aventures périlleuses qu’il a vécues sur un rafiot de fortune dénommé Judée ayant pour cap Banghok.
Il parle constamment sous l’emprise de l’émotion celle du marin qui entretient des rapports intimes avec son élément viscéral, la mer ensorceleuse. Nous assistons à son délire qui lui permet de plonger dans cet ailleurs creusé par une sorte de mémoire géante prête à l’absorber, à l’anéantir.
Il ne dispose pour s’accrocher au réel que le souvenir physique des mâts du bateau qu’il devait escalader en pleine tempête. Les acrobates sur le plateau sont donc des doubles de lui-même qui exécutent les mouvements dont son corps se souvient et rêve d’accomplir à nouveau.
Se jeter du haut de sa vieillesse dans la mer agitée de la jeunesse tel est le vœu de ce vieux marin, porte-parole de Joseph CONRAD lui-même, qui après une vie maritime tumultueuse, du prendre sa retraite sur terre et entamer une nouvelle carrière celle d’écrivain.
L’aspect intimiste du récit, la voix intérieure du narrateur filent la toile de récréation des circassiens que l’on voit même danser comme s’ils foulaient une mer démente et musicienne.
Nous ne résistons pas à citer ces vers de Lamartine :
Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages, – Dans la nuit éternelle emportés sans retour, – Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges, – jeter l’ancre un seul jour ?
Très inspiré, le spectacle est halluciné, habité par la force vive d’un rêve, celui de Joseph CONRAD auquel les interprètes (un narrateur, deux acrobates, un éclairagiste, un ingénieur son) en symbiose, rendent merveilleusement hommage.
Paris, le 10 Octobre 2018
Evelyne Trân
Compagnie Des Attentifs
Auteur : Joseph Conrad
Traduction : Guillaume Clayssen
Metteur en scène : Guillaume Clayssen
Scénographie : Delphine Brouard
Collaboration : Claire Marx
Jeu : Johan Caussin, Frédéric Gustaedt, Julien Crépin, Raphaël Milland et Samuel Mazzotti
Lumière : Julien Crépin
Costumes : Severine Thiébault assistée de Barbara Tardeux
Création sonore : Samuel Mazzotti
Construction décor : Jean-Paul Dewynter
Site internet de la compagnie
www.lesattentifs.com
TOURNEE
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