LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARD de MARIVAUX – MISE EN SCENE DE BENOIT LAMBERT – AU THEATRE DE L’AQUARIUM – CARTOUCHERIE DE VINCENNES – Route du champ de manoeuvre PARIS – du 26 Septembre au 21 Octobre 2018 – Du mardi au samedi à 20 H, le dimanche à 16 H.

Mise en scène Benoît Lambert

assistanat à la mise en scène Raphaël Patout, scénographie et lumière Antoine Franchet, son Jean-Marc Bezou, costumes Violaine L.Chartier, coiffures et maquillage Marion Bidaud, régie générale et lumières Julien Poupon.

avec Robert Angebaud, Rosalie Comby, Etienne Grebot, Edith Mailaender, Malo Martin, Antoine Vincenot

A chaque pain son fromage ! Comment démentir un tel proverbe ? Muni d’une loupe grossissante, Marivaux s’amuse à jeter le trouble dans un bouillon de culture où s’agitent une paire de domestiques et une paire de bourgeois en les ayant préalablement délestés de leurs étiquettes.

Cela dit, le mariage est une affaire sérieuse. Sylvia, la fille de Monsieur ORGON, un bourgeois libéral, n’a absolument pas envie de se jeter dans les bras de l’inconnu que lui destine son père, sans l’avoir testé auparavant. Elle échange son costume avec celui de sa soubrette Lisette . Or son futur époux Dorante fait de même avec son valet Arlequin. Il s’ensuit un curieux méli-mélo, de nature à destabiliser tous les protagonistes. Arlequin déguisé en Dorante est irrésistiblement attiré par Lisette qu’il prend pour Sylvia.Le même phénomène s’exerce sur Dorante et Sylvia qui tombent amoureux.

Est-il possible de déroger à sa classe sociale par amour ? La question reste épineuse, mais étant donné l’antagonisme souligné entre la race des domestiques et celle des maîtres, entre les torchons et les serviettes, cela semble invraisemblable voire inconcevable.

Marivaux se risque cependant à ouvrir la brèche en mettant à l’épreuve les personnages. Le doute plane du côté des hommes qui paraissent quelque peu dégrisés lorsqu’ils découvrent l’identité de leurs dulcinées.

Il y a toujours du plaisir à assister à une représentation de cette pièce, ne serait-ce que pour la vivacité des dialogues. Dans la mise en scène de Benoît LAMBERT, aucun des comédiens ne force le trait, hormis lors de scènes comiques. Fraîcheur et légèreté sont au rendez-vous et nous saisissons les transformations des personnages amenés à se démasquer, mettant à nu davantage que leurs identités sociales, leurs valeurs morales.

La scénographie étonnante offre la vision d’un jardin-pelouse et d’un laboratoire naturaliste avec divers animaux empaillés et des tables regorgeant de fioles. Loin de distraire le spectateur, cette scénographie originale, hors contexte, est invisible aux personnages qui se meuvent dans leurs bulles aussi transparentes que des ailes de papillons.

Il s’agit évidemment d’un clin d’oeil aux recherches de Buffon, contemporain de Marivaux, pour observer de la façon la plus indulgente possible, les comportements d’une espèce animale particulière, la nôtre, tel est le message croustillant de cette belle mise en scène.

Paris, le 27 Septembre 2018

Evelyne Trân

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