L’INGENU de Voltaire – Adaptation de Jean-Christophe Barbaud et Thomas Willaime – A LA FOLIE THEATRE – 6, rue de la Folie Méricourt 75011 PARIS – Du 30 août au 11 novembre 2018, Jeudi à 19h30, samedi à 18h et dimanche à 16h30 – Représentations scolaires supplémentaires prévues en semaine.

Mise en scène : Jean-Christophe Barbaud
Avec : Thomas Willaime 
Création lumières : Sophie Corvellec

Voltaire semble avoir éprouvé un malin plaisir à travers L’Ingénu,  un personnage, hors normes, hors continent, capable de faire trembler les mœurs de tout un canton de Bretagne, par sa liberté d’esprit et de parole.

 L’ignorance des valeurs du monde dans lequel il débarque lui permet d’exprimer son étonnement et de faire valoir son innocence autour de lui, notamment auprès d’un respectable prieur et sa sœur qui pensent avoir affaire à leur pauvre neveu, dont les parents auraient disparu tragiquement pendant leur traversée vers le Canada.

 Dans ce conte l’Ingénu, paru en 1767, l’écrivain pianote avec virtuosité sur plusieurs touches, celle de la romance sentimentale, le rocambolesque et naturellement la satire des mœurs de son époque avec une ironie absolument savoureuse.

 Qui pourrait donc clamer son innocence face à une levée de boucliers d’ordre religieux, sinon un ingénu, un étranger, sachant que ces mêmes boucliers ont conduit à la torture et à la mort, le 1er Juillet 1766, un jeune homme, le chevalier de La Barre, reconnu coupable de blasphème – il n’aurait pas ôté son chapeau, lors d’une cérémonie religieuse – et pire ignominie, il conservait dans sa chambre des écrits anti-religieux de Voltaire.

 Voltaire fit sa propre enquête sur cette affaire et découvrit qu’elle recouvrait des histoires d’amour et de vengeance. Le conte s’en fait l’écho et le rapprochement est voulu entre le Chevalier de La Barre, neveu d’une abbesse et cet ingénu, neveu d’un prieur.

 Il semble bien que Voltaire dote son personnage de toutes les qualités qu’il aurait voulu voir reconnues chez le Chevalier de La BARRE, le courage, l’opiniâtreté, la noblesse d’âme.

 Cet ingénu est aussi le porte-parole du parcours de jeunesse de Voltaire emprisonné à la Bastille et de son effarement face aux imbroglios religieux et politiques de son temps.

 Voltaire à 74 ans, prend sa plume, la plus affûtée pour voler au secours et de sa jeunesse et de ses rêves les plus fous de liberté, annonçant déjà la rébellion féminine à travers le personnage de Mademoiselle Saint-Yves, l’amour de l’Ingénu, victime de la lâcheté masculine.

    

 Thomas WILLAIME, l’interprète de ce conte mouille sa chemise. Il traverse le texte comme un cheval fougueux, intrépide, sur le chemin d’une histoire qui relève toujours ses manches, nous interpelle, nous bluffe par sa modernité.

 Sous la main de velours du conte philosophique, se dresse toujours la férule indignée de Voltaire contre les assassins de la liberté.

 Paris, le 17 Septembre 2018

 Evelyne Trân

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