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Interprète : Charles Gonzalès
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Adaptation, mise en scène, scénographie : Alain Timár
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Assistance à la mise en scène : So Hee Han
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Création lumière : Richard Rozenbaum
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Création vidéo, et régie : Quentin Bonami
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Assistance technique et régie plateau : Éric Gil
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Décor et accessoires : TDH
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Costumes : Pascale Richy, Sophie Mangin
Toutes ces prières, ces lamentations, ces cris, ces larmes qui se brouillent souvent coincées au fond de la gorge avant d’éclater en sanglots amers et ridicules.
Disons que c’est le raz de marée humain, cela qui croupit sous la sangle et ne peut se repêcher que sous forme de lambeaux, lambeaux de phrases, branches décharnées, pourries ou malodorantes.
Pourtant cette eau stagnante où grouille la misère humaine, engendre des monstres tels que Shakespeare ou Dostoïevski.
Les monstres ne font que montrer ce que l’on ne voit pas à l’œil nu. Tous les personnages de Shakespeare sont des monstres, ils s’avancent vers cette gorge profonde que représente le théâtre, pour ainsi dire à poil.
Car c’est toute de même la magie du verbe qui permet à tout être de se désigner, de se dire, hors champ de sa physionomie, en balançant ses pensées vers l’inconnu.
L’acteur a pour interlocuteur cet inconnu. C’est un fou car il entend des voix qu’il croit être les siennes. Celles que nous entendons manifestement le décrivent, sans gloire, désabusé, désenchanté et pourtant elles le portent.
Il y a probablement ce bonheur de contenir, ne serait-ce que l’espace d’une représentation, toute une foule de personnages grâce, nous l’avons déjà dit, la magie du verbe.
A-t-il encore besoin de se demander qui il est, cet acteur. Il est ces personnages qui soudain occupent son propre espace, qui doivent se contenter de sa voix d’acteur solitaire, inconnu, mais qui leur offre tout de même sa flamme, avec cette ambition, d’être lui-même un personnage au bord de l’inconscience, juste drapé d’un merveilleux fantasme, un rideau rouge fabuleux.
Le spectacle conçu par Alain TIMAR est à la mesure de son interprète Charles GONZALES, magnifique, notamment dans la dernière tirade qui énumère toutes les actions d’un homme pour s’atteindre, juste s’atteindre.
Paris, le 25 Juillet 2018
Evelyne Trân