Photo © Alban Van Wassenhove
De Marie-Laure Baudain, Alexandre Chatelin, Laura Deforge, Adélaïde Langlois et Olivier Lopez
Mise en scène Olivier Lopez
Création lumière Éric Fourez et Lounis Khaldi, régie lumière Louis Sady, création son Pablo Géléoc, régie plateau Simon Ottavi, décors et accessoires Luis Enrique Gomez, costumes Ateliers Seraline
Avec Marie-Laure Baudain, Alexandre Chatelin, Laura Deforge et Adélaïde Langlois
Pensez vous que cela vaille le coup d’aller écouter des clownesses raconter leur voyage en Corée du Nord ?
Elles sont drôles par nature, uniques dans le paysage, elles pourraient nous faire rire de tout et de n’importe quoi car les sujets de moquerie ne manquent pas.
Qu’est-ce donc qui leur est passé par la tête à ces paumées accompagnées d’un clown mâle dégingandé ?
Que pourraient-elles nous apprendre que nous ne sachions déjà à savoir que la Corée du Nord est gouvernée par une dictature, ce qui la rend particulièrement effrayante.
Mais c’est pour cette raison même, pour cet effroi que suscite ce pays, que le metteur en scène Olivier LOPEZ a décidé de les envoyer au charbon.
Est-ce à dire que la crasse de la bêtise et l’ignorance peut devenir un drolatique ou maléfique laissez-passer.
Elles ont beau n’être que des clownesses, elles ont chacune leur petit moi attendrissant, cette naïveté déconcertante si proche de l’enfance.
Mine de rien, elles savent traverser le plafond de verre avec leur danse de missiles, leurs crachats désopilants sur l’effigie de l’idole.
Nous rions jaune tout de même tant le récit de voyage touristique nous livre un portrait de la condition humaine d’un Coréen du Nord, inimaginable. Un Coréen du Nord n’a pas d’autre référence, d’autre image dans la tête, au-dessus, devant et derrière lui et à ses pieds que celle du dictateur KIM Il-sung !
Nous aurions aimé que ces clownesses nous fassent rencontrer un Coréen du Nord en chair et en os mais sans doute n’est-ce pas possible seul compte dans ce pays, le dieu vivant KIM Il-sung.
En désespoir de cause, il faut bien reconnaitre le courage de ces clownesses qui jettent le trouble sur notre bonne conscience car le danger, il est là, de toute dictature, de nous réduire au morne silence et à l’apathie.
En vérité, elles sont bien proches de nous ces clownesses, le miroir qu’elles nous tendent ne manque ni de bon sens, ni de clarté, il est à notre échelle, tout bonnement humain !
Paris, le 15 Juillet 2018
Evelyne Trân