D’entrée de jeu, le côté trash domine chez tous les personnages de cette pièce baroque de Louis Calaferte qui semble tirer la poignée d’une corde élastique sans jamais la lâcher pour les propulser sur une scène.
C’est dire la tension qui glace chacune des silhouettes qui reprennent à leur compte toutes les vieilles grimaces qui cisaillent notre quotidien.
C’est le maquillage qui coule qui s’accroche aux lanternes. Le feu des réverbères est toujours là qui voit courir les souris vertes dans une flaque d’huile. Ça devait être comme ça au Moyen Age et ça l’est toujours.
Sous la peinture qui craquelle, des âmes se cherchent désespérément.
Les voilà tous en représentation, ces archétypes d’humains qui sortent tous d’une boite de conserve. Riche ou pauvre, gosse ou adulte, employé ou patron, mâle ou femelle, allons donc, sous le phare des réverbères, c’est la même soupe de simagrées.
Jouer à se faire peur et oui et pour de bon ! Ces échantillons d’humanité font sans doute partie d’un programme de cirque.
Indigne projecteur qui découpe à la hache des scènes de vie ordinaires mais qui au bout de couteau atteignent notre épiderme, à travers ces phrases ombres de Louis Calaferte, qui tremblotent, à cor et à cris comme si chacun devait se renvoyer la balle.
Suprême exercice de jonglage de formules de politesse insensées, goinfrerie du riche étalé comme un vulgaire mendiant tandis qu’un chœur de pauvres s’étonne de sa condition, étrange interrogation de l’enfant qui ne comprend pas pourquoi la souris doit toujours être dévorée par le chat !
Faut se défoncer contre l’absurdité du monde !
En ce sens, la mise en scène de Clio VAN DE WALLE ne manque ni mordant, ni d’imagination. Très visuel, tape à l’œil, ce carnaval de monstres sort de l’outre, quelques succédanés de la misère humaine. C’est impressionnant comme la performance des comédiens qui se ruent sur la boite de pandore, tambour battant !
Paris, le 29 Avril 2018
Evelyne Trân