Un projet de | Michele de Vita Conti et Gian Manuel Rau |
Texte et mise en scène | Michele de Vita Conti |
Traduction | Myriam Tanant |
Avec | Maria Alberta Navello |
Costumes | Brigida Sacerdoti |
Lumières | Mauro panizza |
Scénographie | Lucia Menegazzo |
Production | Fondazione Teatro Piemonte Europa |
Il faut bien qu’elle résonne terriblement dans la conscience, l’image de cette femme qui frotte misérablement ses mains tachées de sang. Parce que ce sang une femme peut l’associer aussi bien à celui des menstruations qui découlent du vagin, à celui versé lors de l’accouchement qu’à celui d’un crime.
Et Shakespeare nous le dit à travers le personnage de Lady Macbeth :
« Venez, venez, esprits qui excitez les pensées homicides; changez à l’instant mon sexe, et remplissez-moi jusqu’au bord, du sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds, de la plus atroce cruauté. Épaississez mon sang ; fermez tout accès, tout passage aux remords »
Lady Macbeth se décrit comme prisonnière de son sexe qu’elle a pris en haine de façon inouïe :
« Venez dans mes mamelles changer mon lait en fiel, ministres du meurtre. »
La rage de vivre, le désir de pouvoir, l’ambition ne sont évidemment pas l’apanage des hommes. Mais Lady Macbeth, l’éminence grise de son mari Macbeth qu’elle pousse au crime n’est pas libre et ne le sera jamais. Dans la mesure où elle éprouve sa condition de femme comme une infirmité, c’est la rancœur, une irréversible déception qui l’étourdit lorsqu’elle prend conscience que son mâle de mari n’est pas digne de ses ambitions :
« Le héros se transforme en lâche, il n’est rien de ce qu’il a promis ».
Dans cette pièce « Lady Macbeth, scènes de mariage « le dramaturge italien Michele De Vita Conti, augure une introspection organique du personnage. Nous avons l’impression qu’il se dévore lui-même, sadique et masochiste à la fois, savourant l’écume de sa haine, de ses frustrations,
Chair vive de la femme, incontournable, oui, il faut bien qu’elle nous paraisse au moins une fois, indomptable, cette Lady Macbeth, car c’est avec son propre sang qu’elle affirme son destin tragique. Un sang tumultueux, sauvage, mais sans échappatoire.
Cette Lady Macbeth interprétée par Maria Alberta NAVELLO, nous éblouit par sa force incantatoire. A travers sa juvénilité ardente, nous pouvons l’imaginer pieds nus sur des rochers, avançant obstinément vers un mirage. Comme les mots saignent, comme la mer est houleuse !
Paris, le 22 Avril 2018
Evelyne Trân