COMPOSITION MUSICALE : JEAN-MICHEL TRIMAILLE SCÉNOGRAPHIE : ISABELLE JOBARD CRÉATION LUMIÈRES : RO D O L P H E M A RT I N COSTUMES : JUDITH CORTIAL AS S I S TA NTE : CLAIRE BALLOT-SPINOZA
Nous ne savons pas grand-chose de Louise de Coligny, cette jeune femme qui inspira un amour passionné à Guillaume Apollinaire.
Cette femme, c’est avec l’imagination du poète que nous la découvrons à travers les lettres qu’il lui a adressées et les poèmes. Les sentiments fusent dans cette correspondance, les déclarations deviennent de véritables effluves mais ce qui est propre au génie de poète, c’est cette capacité à travers une maitrise totale de sa plume, de faire entendre les angoisses d’un amant éperdu, ls tiraillements de la chair et réellement le désespoir d’un homme qui sent bien qu’il n’est pas aimé de sa muse.
Guillaume se jette dans l’amour comme devant un fruit défendu. Il souffre mais dans un espace de temps incroyable (leur relation n’a duré que 6 mois), après la rupture, il transforme l’amour charnel en un amour chaste, un amour sans bornes qui ne risquera pas de blesser son Lou, parce qu’il est totalement désintéressé.
Plus de corps pour les unir, quelle cruauté ! Apollinaire au front sait qu’il peut mourir à tout instant, le poème « Si je mourais là-bas… » qu’il envoie à Lou n’est pas une plainte, en l’écoutant l’on sait qu’Apollinaire regarde son Lou avec tendresse, qu’il entend lui dire ce que tout être à envie d’entendre. Apollinaire avait-il deviné l’âme de Lou, celle attachée à son mystère, au mystère de l’être qui seul pouvait les rassembler.
Moana FERRE s’abandonne totalement à la lecture des lettres et des poèmes d’Apollinaire pour devenir Lou « La plus pudique des impudiques ».
Le charme opère, on oublie tout, on se laisse transporter par les mots, séduit qu’ils puissent être prononcés par la destinataire elle-même. Et la chair sublimée succombe, elle rêve, elle s’extasie, elle s’illumine, elle voyage, elle s’exprime.
Et nous redécouvrons combien n’est pas statique un poème d’Apollinaire, notamment « Si je mourais là-bas… », à travers l’effusion picturale qu’elle inspire à l’actrice, sur le champ ou le déploiement d’origamis.
La mise en scène pleine de délicatesse et la scénographie superbe accompagnent généreusement Moana FERRE incarnant un Lou qui s’écrit et s’invente, prend son envol, transcendé par l’amour d’Apollinaire.
Paris, le 21 Avril 2018
Evelyne Trân