AVEC
I SABELLE DE BOTTON (GABRIELLE, MME PROUTE, EPONINE, DÉSIRÉE CHAMPIGNON, MME POIVERT )
SALOMÉ VILLIERS O U RAPHAËLLE LEMANN ( C A ROLINE, CHICHINETTE , E L LE, HORTENSE BÉZUCHE)
ÉTIENNE LAUNAY (CHAMPIGNON, M. BADIN)
PIERRE HÉLIE ( LUI, BÉZUCHE)
PHILIPPE PERRUSSEL ( M . P ROUTE , LE DIRECTE U R , LE PRÉSIDENT )
BERTRAND MOUNIER O U FRANÇOIS NAMBOT (SIGISMOND, CANUCHE)
COLLABORATION ARTISTIQUE : FRANÇOIS NAMBOT
SCÉNOGRAPHIE : VIRGINIE H. ET BERTRAND MOUNIER
COSTUMES : VIRG I N I E H .
CRÉATION MUSICALE : KAHINA OUAL I
PRODUCTION : COQ HÉRON PRODUCTIONS
COPRODUCTION : LA BOÎTE AUX LETTRES
CORÉAL I SATION : THÉÂTRE LUCERNAIRE, LIEU PARTENAIRE DE LA SAISON ÉGALITÉ 3 I N I T I É E PAR HF ÎLE-DE-FRANCE
Cela démarre sur les chapeaux de roue, avec une chanson gaillarde d’Albert PREJEAN « Amusez-vous, foutez vous d’tout » chantée à tue-tête par de curieuses créatures. Elles semblent s’être échappées d’un cabinet de curiosités, aussi vives que des gros rats, attirés par quelque odeur.
Celle de Courteline évidemment qui sent un peu le soufre. Courteline a l’humeur chagrine, il est du style à traiter de sales bêtes les personnes qui l’incommodent, à mi-voix, sans doute. Mais lorsque sa plume se déchaine, elle déplume.
Un, deux, trois mouvements, Courteline guette les créatures, l’œil vissé à d’imposantes jumelles qui détaillent leurs gesticulations grossières.
Drôle de poulailler où les poules et les coqs se courtisent, se chamaillent, à coups de becs, d’exclamations fumeuses.
Fonctionnaire de son état, Courteline a eu le temps de consigner les excès de la nature humaine, ordinairement retranchée derrière les formules de politesse, le paravent de la bienséance.
Sept saynètes figurent au procès de l’affaire Courteline, de véritables pièces à conviction qui se moquent allègrement des institutions, le mariage, l’entreprise, la justice. L’une d’elle qui illustre l’entretien d’un patron avec son employé est particulièrement tordante.
Colère comique à la Louis de Funès, nous n’en sommes pas loin. Impressionné par la résonance actuelle de ces saynètes, le metteur en scène envoie au charbon une belle brochette de comédiens manifestement heureux de pouvoir mettre le pied dans la soupière de Courteline, piquante, euphorisante à souhait !
Justes ourlées de quelques chansons, de citations étonnantes telles que « Qui commence par conter des blagues finit souvent par mentir. Ce petit œuf n’a l’air de rien : il contient pourtant en germe l’Affaire Dreyfus tout entière », les pièces s’enchainent à toute allure. Les rares meubles Louis XV qui bornent leur parcours doivent bien rire sous cape.
Ces petites bulles d’oxygène qui électrisent l’atmosphère sont décidément bienvenues. Le prévenu Courteline répond toujours présent ! « Poète tragique du rire » disait de lui, Octave Mirbeau.
Courteline parle à la jeunesse ! C’est assurément à un jeune metteur en scène talentueux Bertrand Mounier, que nous devons ce spectacle enlevé et savoureux !
Paris, le 23 Mars 2018
Evelyne Trân