Texte et mise en scène Marcos Malavia
Assistant Étienne Beylot.
Avec Claude Merlin, Alexandre Salberg, Marcos Malavia, Muriel Roland, Éléonore Gresse.
Décor et lumière Érick Priano
Costumes Louise Bauduret
Production Compagnie SourouS
Co-production : Théâtre Victor Hugo (Bagneux 92) et La Fabrique/Espace Fayolle Scène Conventionnée (Guéret) Avec le soutien de Vallée Sud, Ville de Bagneux, Conseil Départemental 92.
Freud s’était emparé du mythe d’Œdipe pour élaborer son concept du complexe d’Œdipe qui suppose qu’un fils inconsciemment amoureux de sa mère voit son père comme un rival et donc un ennemi.
Dans sa pièce Œdipe parricide, l’auteur Bolivien Marcos BALAVIA, également comédien et metteur en scène se focalise particulièrement sur ce qu’il considère comme le problème nodal du personnage, la rivalité avec son père.
Il élargit le sentiment de filiation à celui de territoire des pulsions de vie et de mort.
Sur scène, il y a cette tombe omniprésente du père avec une rose rouge sans doute déposée par Jocaste, sa veuve, qui finit par être piétinée par les protagonistes Œdipe-Candide, Œdipe Roi, Œdipe-Aveugle.
Par ce dispositif, il nous est révélé qu’il est impossible de soustraire de notre regard cette tombe qui peut être à la fois un objet de lumière et de souillures.
Marcos MALAVIA interprète Œdipe comme l’archétype de l’homme névrosé, incapable de se déchiffrer, toujours dans le déni. C’est l’homme des combats désespérés, le conducteur des guerres fratricides, impitoyables, qui tue aveuglément uniquement porté par sa rage de pouvoir.
Œdipe assassin a les mains rouges de sang comme Lady Macbeth, c’est la rose rouge sur la tombe, c’est l’histoire d’un Œdipe qui ne comprend pas pourquoi ni comment il est devenu un monstre.
Le spectacle résonne comme un psychodrame, il s’agit bien d’un homme qui se donne en spectacle, incarné en nazi, en skinhead avant de devenir l’Œdipe-Aveugle.
Il y a de l’impudeur chez cet Œdipe, elle dérange à juste escient, elle nous détourne du sentiment de pitié à l’égard du personnage qui apparait laid et grotesque. Seule Jocaste, déchirée de ne plus pouvoir ignorer qu’elle a engendré un monstre, nous émeut.
Les énergies des comédiens traduisent fort bien la folie, la psychose des protagonistes. Oui, ils sont fous, ils dansent avec des chaises, iles éructent, elles lèvent les bras au ciel !
Ce forcené qui voudrait arracher de son cœur, le monstre qui l’habite, nous parle furieusement. Que la rage de mort puisse se commuer en rage de vivre, c’est un rêve que procure cette représentation haletante d’Œdipe parricide.
Paris, le 16 Mars 2018
Evelyne Trân