Calamity Jane, lettres à sa fille
Texte attribué à Jean McCormick, musique Ben Johnston
Billy the Kid d’après Les Œuvres complètes de Billy the Kid
Michael Ondaatje
Gavin Bryars, commande 2018
Mise en scène, Jean Lacornerie
Direction musicale, Gérard Lecointe
Scénographie Marc Lainé et Stephan Zimmerli
Chorégraphie Raphaël Cottin
Lumières David Debrinay
Avec
Claron McFadden, Bertrand Belin, chanteurs
Lyonel Schmit violon
Photo Bruno Ansellem
De la même façon que des poésies peuvent accompagner des illustrations ou vice versa, la musique peut s’inspirer de paysages en mettant en mouvement leurs apparitions.
Pour la création de CALAMITY/BILLY, ce sont deux figures mythiques de l’Amérique du Far West qui ont été invoquées. Calamity Jane personnage légendaire de la conquête de l’Ouest au 19ème siècle et Billy The Kif, un de plus grands criminels de l’Ouest, contemporain de Calamity.
L’imaginaire américain, en tout cas celui qui découle de ce spectacle, s’est emparé de la légende à contre-courant des faits d’armes de ces deux héros, s’orientant vers l’expression tragique, douloureuse de leurs destins respectifs.
C’est ainsi que Calamity Jane, la femme qui tire plus vite que son ombre, se révèle être une mère aimante et poignante à travers les lettres écrites à sa fille publiées une quarantaine d’années après sa mort. Lesdites lettres se sont révélées depuis apocryphes mais elles ont suscité un émoi considérable.
Quant à Billy The Kid, c’est Michael Ondaatje qui lui a consacré un portrait intime notamment à travers les Poèmes du gaucher.
Le maitre de la musique micro tonale Ben Johnston entre à livre ouvert dans les correspondances de Calamity Jane à sa fille dont les mots prennent corps musicalement telles des effluves de l’âme, des éclats de bouteille à la mer, qui poursuivent le même but, délivrer un message d’amour.
La voix de la soprano Claron McFadden est sublime tant elle parait mesurée, pénétrée des paroles de Calamity.
Lorsque survient Billy The Kid, incarné avec panache par Bertrand Belin, la composition de Gavin Bryars prend une tournure plus fantasque, en accord avec les étonnants Poèmes du gaucher, élevant des crêtes de paysages suggérés par la main de Stephan Zimmerli qui épouse le sillon éphémère d’un nuage sur un écran vidéo.
Photo Bruno Ansellem
Nous entendons le temps respirer dans ce spectacle, parfaire la symbiose entre les chanteurs et les musiciens, les Percussions Claviers de Lyon, subjugués par une orchestration très onirique où le blues domine.
Photo Bruno Ansellem
Le tableau imaginaire de Calamity Jane et Billy The Kid soudés par la même soif de liberté est de ceux qui atterrissent dans nos rêves et se poursuivent pour devenir des créations.
Saluons celle de ce spectacle mise en scène remarquablement par Jean Lacornerie, initiateur d’une rencontre exceptionnelle, hors des sentiers battus, avec un rêve américain transgressif, celui de deux héros, déposant leurs armes contre une promesse de paradis et de paix.
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Evelyne Trân
Paris, le 9 Mars 2018
« rêve américain transgressif, celui de deux héros, déposant leurs armes contre une promesse de paradis et de paix »
Oui nous aimerions bien que ce rêve là devienne réalité. Ce n’est pas demain la veille.
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