Probablement les Bahamas de Martin CRIMP – Mise en scène Anne-Marie LAZARINI – Au THEATRE ARTISTIC ATHEVAINS – 45 Rue Richard Lenoir 75011 PARIS – A partir du 20 novembre 2017 –

lundis (20/11, 18/12 et 8/01) 20h30 ; mardi 20h (sauf 21/11) ;
mercredi, jeudi 19h, vendredi 20h30 (sauf 12/01) ; samedi 18h et 21h (puis 20h30 à partir du 30/12) ; dimanche 16h (sauf 03/12 et 24/12

assistant à la mise en scène Cyril Givort

décor Dominique Bourde et François Cabanat
costumes Dominique Bourde
lumières François Cabanat

avec
Jacques Bondoux
Heidi-Eva Clavier
Catherine Salviat Sociétaire honoraire de la Comédie-Française

et « l’invité »

Il y a ces dépôts lents de la buée sur une fenêtre que formeraient les peaux mortes des conversations lâchées dans le vide. Pourquoi y attacher de l’importance, les paroles s’envolent dit-on, seuls les écrits restent. Dans la pièce Probablement les Bahamas de Martin CRIMP, un auteur contemporain anglais, le public se retrouve à la place de l’invité muet qui écoute ou n’écoute pas les échanges de deux retraités dans leur living room douillet, lesquels n’ont rien à dire sur eux-mêmes, devisent sur les autres pour passer le temps.

Leur bavardage au premier abord anodin devient rapidement étouffant. C’est Milly qui occupe en priorité l’espace de la parole, son mari ne lui répondant que par bribes. Le couple s’attache à parfaire face à leur invité muet, vu de dos par le public, leur image de retraités heureux et paisibles, intouchables, en dépit des mauvaisetés du monde extérieur.

Leur existence gommée de la réalité extérieure exhale un ennui mortel et seules les brisures de gomme ramassées à la petite cuillère par la jeune fille au pair, redonnent à l’atmosphère un frisson de jeunesse mais hélas ce que raconte la jeune fille suffit à glacer le sang, ces propos ne réussissant pas à briser la glace de ses hôtes qui comme chacun de nous d’ailleurs, c’est humain, n’entendent que ce qu’ils veulent entendre.

Catherine SALVIAT est saisissante dans ce rôle de chipie venimeuse, qui offre son dard toujours brillant à un espace quasi immobile. Jacques BONDOUX, le mari est placide à souhait. Quant à Heidi-Eva CLAVIER, elle endosse avec finesse celle qui subit sans comprendre l’indifférence du couple.

La scénographie qui permet d’avoir à l’œil sur un même plateau à la fois la chambre de la jeune fille, la cuisine et le salon, parle d’elle-même. Tout est aligné mais rien ne se touche parce que l’air est gelé.

La mise en scène très réussie d’Anne-Marie LAZARINI est vraiment percutante. Elle pourrait faire penser à des tableaux de Hopper.

Démonstration éloquente de l’ennui qui menace ceux qui veulent se protéger des dangers extérieurs, revêtent leur cagoule aseptisée, essuient leurs ailes fanées contre le vide.

Le propos de Martin CRIMP est loin d’être réjouissant mais il a le mérite de faire saigner cette belle indifférence pour révéler sa cruauté.

Paris, le 22 Décembre 2017

Evelyne Trân

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