LA FIN DE L’HOMME ROUGE AU THEATRE DE L’ATALANTE – 10 place Charles Dullin, 75018 Paris – Les dimanches à 16h00 – Du 29 novembre au 22 décembre 2017 –

DISTRIBUTION

Adaptation et mise en scène : Stéphanie Loïk

Création lumière : Gérard Gillot
Création musicale, chef de chœur : Jacques Labarrière
Chants russes : Véra Ermakova
Assistante à la mise en scène et régie son : Ariane Blaise
Assistant Compagnie : Igor Oberg
Film : Jean-Christophe Leforestier
Compagnonnage : Françoise Dô (sous réserves)
Conception graphique : Alice Fournier
Photographies : Guillaume Herbaut

Avec :
Vladimir Barbera
Denis Boyer
Véra Ermakova
Aurore James
Guillaume Laloux
Elsa Ritter

La fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement de Svetlana ALEXIEVITCH peut demander des jours de lecture. Nous imaginons volontiers des lecteurs ou des lectrices plongés dans ce livre dans le métro aux heures d’affluence. C’est le meilleur climat pour aborder cette œuvre, pour s’éprouver à la fois dans et au dehors, entouré , individu coincé au milieu de la foule et en faisant partie.

Pas de conscience individuelle sans conscience collective et inversement. A l’intérieur de la forêt des centaines de témoignages qu’a recueillies Svetlana ALEXIEVITCH, c’est le clignotant « rouge, qui lui est apparu tel un phare sanglant, tel un étendard brandi par l’homo sovieticus . Qu’est ce donc qui peut faire flotter le drapeau, si ce n’est le vent de l’histoire. Alors avec tous ses témoins, l’auteure de la fin de l’homme rouge, de l’homme communiste, entend signifier que les individus avec leurs petites histoires font partie de la grande histoire, ce grand arbre qui entend cacher la forêt humaine.

Elle est celle des émotions qui restent en marge, qui cramponnent l’individu dans le brouillard, le clouent parfois au sol, émotions utilisées par la propagande .Car ceux qui ont le pouvoir, ce sont ceux qui savent manipuler, la vox populi. C’est la raison pour laquelle, Svetlana ALEXIEVITCH a choisi de descendre jusqu’aux chevilles de ces témoins, qui ont touché le sol de cette grande Russie.

Trente ans d’histoire où se chevauchent en montagnes russes des perspectives qui se côtoient et s’ignorent . Celles des générations qui ont vécu en croyant dur comme fer au dieu Staline, qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la perestroïka , la guerre contre l’Afghanistan, celles qui découvrent la société de consommation.

L’adaptatrice de ce roman fleuve, Stéphanie LOIK sait qu’il existe un espace temps, celui de la scène au théâtre, celui de l’orchestre au concert, celui de la tolérance, qui permet aux voix les plus divergentes de s’exprimer en chœur.

Ce manifeste de mémoire exige l’écoute de chaque participant qui doit trouver sa place particulière au sein du collectif. La mise en scène de Stéphanie LOIK fait penser à une symphonie exécutée par des corps chargés, chacun de sa mémoire particulière, qui lâchent leurs notes, leurs paroles ici et maintenant dans la terre commune.

Nous pourrions dire fosse commune sauf que cette mémoire est vivante, respirable, entendante. Chant inespéré, ourdi hélas par les psychodrames… Il y a des témoignages qui changent de peau et c’est là que l’on comprend que la souffrance ne doit pas rester terrée individuellement, que l’écoute d’un autre a valeur de réceptacle ouvert, solidaire. Qu’attendons nous du regard de l’autre, qu’il soit méprisant, moqueur, critique, agressif ou bienveillant ?

Vaste question ! Bien-pensance, allons donc ! Soupirs ! Nous sommes concernés, entourés. Voici que je songe à des milliers de kilométres de cette belle Russie, à cette strophe du poème « L’âge de raison » de Francis Blanche :

La ville écrase la forêt

pour y installer son décor

sans songer au bruit que ferait

le chant de tous les oiseaux morts.

C’est à méditer, n’est-ce pas, comme le magnifique spectacle que nous offrent Stéphanie LOIK et sa belle équipe de comédiens chanteurs, inspirés, dans la lisière de cette forêt commune, inconscient collectif qui tend à la conscience.

Paris, le 7 Novembre 2015
Mis à jour le 20 Novembre 2017

Evelyne Trân

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