Il a sans doute besoin d’être flagellé à coups de lanières multicolores, ce monde des aristos en voie de disparition (pas si sûr), à chacun sa cuirasse, et pas besoin de l’astiquer celle de Charlotte de Turckheim puisqu’elle ruisselle de bonne humeur, passe à travers tous les clichés, en les grossissant à la loupe d’un humour à toute épreuve.
Dans la kyrielle de personnages qui jaillissent de sa hotte de Mère-Noël, étoffée de textes de Charlotte de Turckheim et Bruno Gaccio, vous reconnaitrez pèle mêle la baby sister idiote et Marie couche-toi- là, l’aristocrate snobinarde, raciste indécrottable, l’étudiant allemand « boche » aux cheveux roses, la bobonne portugaise, Charlotte mariée à un Afghan, Béatrice, la mère toujours à l’ouest, etc. sans oublier l’indispensable fuite d’eau, l’huissier de justice, la goupille infernale qui guette ce beau monde, car chacun sait depuis Bourvil et le « Drôle de paroissien » de Jean-Pierre Mocky que les vrais aristos ne travaillent pas et méprisent l’argent.
Charlotte de Turckheim, c’est un film à elle toute seule, elle dispose d’un talent de mime incroyable et d’une palette de voix très riche qui lui permettent de jouer plusieurs personnages à la fois. Certes, il est possible de s’emmêler les pinceaux mais le résultat est pharamineux.
L’art de vivre à côté de la plaque ! Où trouver le vivier de son inspiration sinon dans sa propre famille, Elie Kakou faisait de même avec sa Madame Sarfati.
Nous n’avons envie que d’une seule chose c’est de saluer le talent formidable de Charlotte de TURCKHEIM, son énergie débordante, qui booste l’imagination, ravale nos intérieurs, un beau clin d’œil à nos haussements d’épaule, le bulldozer du rire et sa majestueuse carapace.
Paris, le 11 Novembre 2017 Evelyne Trân