Avec Mathieu BARBIER dans le rôle de l’écrivain
et Patrice DEHENT dans le rôle du Docteur Samuel HEYMANN
Qui voudrait faire d’un chien le héros d’un roman ? Un chien est une personne aurais-je envie de dire. C’est la première idée qui me vient à l’esprit. Seulement comme nous avons tendance à rapporter nos sentiments, nos pensées à l’humain, en parlant de personne, c’est encore à l’humain que nous nous référons.
Avoir à côté de soi un être qui ne parle pas mais s’exprime par le regard, des mouvements, qui parait à l’écoute de vous-même alors même que vous ne lui prêtez pas attention, c’est extraordinaire !
Dans un sketch succulent, Raymond DEVOS racontait comment un chien avait pris sa place. Chien donc !
Si j’étais un chien, comment m’aborderiez-vous se demande l’homme. L’esprit a une capacité d’adaptation infinie. Si par un tour incongru de circonstances, vous vous trouvez affublé d’une tête de chien, vous n’avez qu’à attendre de voir comment les humains vont se comporter avec vous. Ils penseront chien à votre place, vous n’aurez quasiment strictement rien à faire.
Passons… Ce n’est pas vraiment le sujet de la nouvelle d’Éric-Emmanuel SCHMITT, quoique…
C’est l’histoire d’un couple, un médecin retraité et un chien, qui intrigue le narrateur. Comment un chien peut prendre tellement de place dans l’existence d’un homme, se demande-t-il. En effet, nous apprendrons qu’à la suite de la mort accidentelle de chien, l’homme s’est suicidé.
Le fait divers n’est pas anecdotique, il suffit de suivre la piste de l’écrivain qui emprunte un chemin de terre grimpante et sensuelle. Nous l’entendons cette terre à travers la voix de Mathieu BARBIER qui impressionne par sa stature, son calme, sa détermination aussi. Tandis qu’il monologue surgit la silhouette immobile du vieux médecin. Est-il mort, est-il vivant, est-ce une statue ? Quel mystère le recouvre ?
Il appartiendra au docteur Samuel HEYMANN à travers une lettre posthume de donner enfin un visage à ce chien. Patrice DEHENT est bouleversant.
De toute évidence, la nouvelle pour être transposée au théâtre devait être incarnée par de grands comédiens et c’est le cas dans la mise en scène de de Marie-Françoise et Jean-Claude BROCHE à l’affût du mystère comme un courant de sable qui passe et qui repasse et dont les grains s’agglutinent parfois pour réveiller une page oubliée, un chiffon de papier qui se balance tant sous nos prunelles que nous hésitons à le scruter.
Enfin, dirons-nous, nous avons vu le chien. Nous avons écouté cette histoire. Et si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sans tarder au théâtre, vous risquez juste d’être captivés !
Paris, le 1er Octobre 2017 Evelyne Trân