AFFABULAZIONE
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Avec Jean-Philippe Salério, Kayije Kagame, Alex Crestey, Alizée Bingöllü, Antoine Besson, la voix de Jeanne Moreau et les footballeurs : Zephyr Frahi, Arbenit Terholli, François Sall, Ibrahim Souare, Arber Terholli, Tim Anton
production KastôrAgile
coproduction Théâtre National Populaire, Théâtre Jean-Vilar, Bourgoin-Jallieu
en partenariat avec le Théâtre du Vellein, Villefontaine
texte français Michèle Fabien, Titina Maselli
assistante à la mise en scène Catherine Bouchetal
costumes La Bourette et Clément Vachelard
lumière Nicolas Boudier
son Sylvain Rebut-Minotti
vidéo Vincent Boujon
régisseur général Olivier Higelin
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Œdipe roi
avec Antoine Besson, Alizée Bingöllü, Alex Crestey, Emmanuel Héritier, Kayije Kagame, Wanderlino Martins Neves dit Sorriso, Jean-Philippe Salério
texte français d’Œdipe roi Jean Grosjean © Editions Gallimard
assistante à la mise en scène Catherine Bouchetal
collaboratrice artistique Astrid Takche de Toledo
costumes Clément Vachelard
assistante costumes Marine Lagarde
lumière Nicolas Boudier
son Sylvain Rebut-Minotti
vidéo Vincent Boujon
régisseur général Olivier Higelin
production KastôrAgile
coproduction Théâtre National Populaire
avec le soutien de Consulat Général de France à Recife, Spedidam
Et de l’Alliance Française de Salvador, du Dimus|Diretoria de Museus do Estado da Bahia, de l’Université Fédérale de Bahia (École de théâtre), du Musée d’art moderne de Bahia.
Prochaines dates :
Le 26/09/2017 20:30 Œdipe roi
- Le 27/09/2017 20:30 Œdipe roi
- Le 28/09/2017 20:30 Œdipe roi
- Le 29/09/2017 20:30 Œdipe roi
- Le 30/09/2017 18:00 Diptyque Affabulazione et Œdipe roi
- Le 01/10/2017 15:00 Diptyque Affabulazione et Œdipe roi
Faire parler Œdipe, le fils, le père, l’amant ou le frère, c’est le pari que se sont donnés Gille Pastor et son équipe à travers un voyage à l’intérieur même des tripes du cœur humain. Un cœur qui rime absolument avec chœur.
Œdipe n’est-ce point à l’origine une histoire de souffle, celui qui passe au-dessus de nos têtes, qui balaie tout sur son passage, celui qui fomente les rêves et les fantasmes d’un dormeur éveillé, celui qui peut aussi se transmuter en berceuse ou en râle, cri de naissance ou de mort et qui devient musique des mœurs, associant à jamais le petit homme à l’ogre, le monstre humain.
Dans AFFUBULAZIONE, cette pièce trop peu connue de Pasolini, nous assistons interloqués au tremblement de terre de l’image du père à travers un personnage qui se révolte contre cette « forfaiture » conventionnelle, qui le désigne comme père vis-à-vis de son fils. De toute évidence, la relation qu’il a avec son fils est vouée à l’échec ou à la déception, puisqu’il refuse de voir en son fils son alter égo, ne s’aimant pas lui-même, et que d’autre part, le fils ne peut se détacher d’une image du père primaire, un père tout puissant, un père raisonnable, un père dominant.
« Venons-en aux simples pères menteurs ! … Venons-en aux ¨Présidents de la République ! Venons-en aux Autorités religieuses, aux Grands industriels ! »
Ce père « malade » finira par tuer le fils mais son histoire – il le déclarera – n’est pas histoire d’un seul père mais aussi celle de ceux qui envoient leurs fils à la guerre pour mourir.
Il s’agit à notre sens d’une pièce magistrale de Pasolini, ce Père qui n’a de cesse de s’introspecter, est bouleversant parce qu’il est travaillé par ses contradictions, ses ambivalences, parce qu’il se met dos au mur face à son fils. La mise en scène de Gilles Pastor très sobre, suggère la jeunesse universelle à travers une petite équipe de foot qui joue sur scène, un plateau de gazon. Et c’est cette innocence là, celle de la copine du fils ou de sa femme qui alertent le père « coupable ». Ajoutons que le père est interprété par un grand comédien Jean-Philippe SALERIO .
Nous avons eu à peine le temps de nous remettre de cette intense mise en abîme du père annoncée par le spectre de Sophocle – qui a la voix magique de Jeanne Moreau – que la scène s’ouvre sur la tragédie antique d’Œdipe Roi beaucoup plus courte (une heure environ).
Dionysos ou Bacchus sont passés par là, pensons-nous, en observant des objets épars sur la scène notamment des écuelles remplies d’eau et surtout des personnages déguisés en train de danser frénétiquement.
Puis Œdipe se fraie un chemin, d’une voix quasi laconique, il est le roi puisqu’il porte la couronne. La mise en scène par contraste avec la précédente se veut plus baroque, plus clinquante, voire échevelée, presque caricaturale par rapport à la dimension abyssale du mythe. Sans doute, parce que depuis Freud, il serait possible de rejouer pour soi le mythe d’Œdipe tel un psychodrame aussi élémentaire que l’histoire d’Eve et Adam chassés du paradis, coupables d’avoir croqué la pomme.
Le drame d’Œdipe dépasse tellement les bornes que Gilles Pastor a choisi de les dépasser également en projetant les personnages dans la ville de Salvador au Brésil, où se succèdent quelques plans filmés au marché, une aire de circulation automobile, au cœur d’une rue où un chœur de visages semble exprimer le drame à fleur de peau de mythes et de religions. Gilles Pastor a choisi le Brésil à cause de cette présence des Dieux, à fleur de trottoir.
Dieux oracles, Dieux faits hommes qui jongleraient avec les boules de la destinée ou de la fatalité… par la voix du spectre de Sophocle imaginée par Pasolini « Ah, je regretterai toujours de ne pas avoir représenté plus souvent dans mes tragédies cette volonté de la terre à revivre; cette touche de rose, cette légèreté de l’air – des choses, pas des mots »
« Aujourd’hui au théâtre on parle comme dans la vie » Il y a du remue-ménage dans l’air. Sophocle et Pasolini sont dans la foule nous suggère Gilles Pastor, ils ont pour mots nos visages et nos corps !
Paris le 27 Septembre 2017 Evelyne Trân