Mise en scène :
Alexandra Dadier
Adaptation Théâtrale :
Alexandra Dadier
Laurent Schteiner
Avec :
Guy Hassid
Isabelle Mérie
Alessandra Puliafico
Diana Sakalauskaité
Laurent Schteiner
Deux solitudes blessées et meurtries qui fusionnent l’espace d’un instant, l’espace d’une rencontre, c’est ce que raconte le roman Clair de femme de Romain GARY, publié en 1977.
Chez l’auteur de Clair de femme, la griffe du malheur est un chemin d’attaque vers le bonheur, son écriture mouvante et fluide entend se faufiler jusqu’à l’extase vers l’éblouissement du début à la fin.
Pourtant, Michel fait partie de ces individus qui n’atterrissent jamais, qui nient l’idée du commencement et de la fin. C’est à dire que si le mot fin arrive à s’incruster dans la cervelle, il est trop faible pour ne pas être délogé. Même le mot mort change de visage puisque son signifiant varie suivant les langues, remarque le Señor Galba (magnifique Guy HASSID), le personnage pittoresque du roman.
Lors de sa rencontre avec Lydia, Michel est en train de vivre la mort de son épouse atteinte d’un cancer. Cette dernière le conjure de l’oublier, d’aimer une autre femme.
Lydia de son côté doit se remettre du malheur de la perte de son enfant et de la paralysie de son mari suite à un accident. Malheureuse, elle est particulièrement sensible au désarroi de Michel : « Je m’y connais, dit elle, en signaux de détresse »
« Deux désespoirs qui se rencontrent, cela peut bien faire un espoir mais cela prouve seulement que l’espoir est capable de tout »
Si Romain GARY creuse le mystère de la rencontre entre Michel et Lydia, c’est à notre sens qu’il n’y pas chez lui une volonté de conclusion dans ce roman. C’est l’ineffable, l’impossible qu’il poursuit. Nous imaginons mal les héros se laver les dents sauf en pensant à autre chose.
L’adaptation théâtrale du roman par Laurent Schteiner et Alexandra DADIER, avec une jolie distribution, restitue l’ambiance feutrée, clignotante du récit.
Nous songeons à un poème intérieur que nous spectateurs ne pouvons atteindre que d’un point de vue extérieur. A moins de se reconnaître et c’est possible dans la froideur feinte de Lydia et l’ironie blessée de Michel :
« Les sanglots longs des violons y en a marre » s’écrie Lydia.
« Nous vaincrons, nous serons les plus forts » hurle Michel.
N’avons nous pas tout à gagner à les suivre dans leur rêve ?
Avec beaucoup de sensibilité, les comédiens incarnent avec simplicité l’idée que le temps n’épuise pas l’amour, il le prolonge à chaque instant, à chaque pause, à chaque rupture.
Paris, le 27 Mai 2017 Evelyne Trân