PUZZLE d’Elisabeth BOUCHAUD – Adaptation du film Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg AU THEATRE DE LA REINE BLANCHE – 2 Bis Passage Ruelle 75018 PARIS – du Mercredi 26 Avril au Samedi 10 Juin 2017 – du Mardi au samedi à 20 H 45 – Relâche le 27 Mai –

Distribution :

Adaptation du film
Portrait d’une enfant déchue
de Jerry Schatzberg
Elisabeth Bouchaud
Mise en scène
Serge Dangleterre
Scénographie et costumes
Kham-Lhane Phu
Avec
Elisabeth Bouchaud
Jean-Benoît Terral
Construction décor
Christian Jutan
Création lumière
Fabrice Blaise

Devenir juste une eau dormante lorsqu’on a connu la foudre de la lumière, éprouver n’être plus que l’étincelle rabattue par les vagues de souvenirs épars, disloqués, peut-être seuls des poèmes pourraient l’exprimer.

Adaptée du film « Portrait d’une enfant déchue » de Jerry SCHATZBERG avec Faye DUNAWAY, la pièce d’Élisabeth BOUCHAUD se focalise sur l’entretien entre Lou un ancien mannequin et Aaron le photographe de mode qui a travaillé avec elle et vient la voir pour faire un film sur sa vie.

De toute évidence, Lou est une personne déprimée, et nous le savons la dépression peut toucher n’importe quel individu. S’il est plus aisé d’imaginer un surmoi dévorant chez une star, d’après Freud, ce surmoi à l’état inconscient participe de la construction identitaire.

Nous découvrirons à travers les confidences de Lou que celle-ci apparemment est restée bloquée sur certains événements traumatiques qu’elle a refoulés parce que sa seconde nature qui réclamait la lumière, la reconnaissance, l’exigeait. Rattrapée par des conflits internes dont elle ne mesurait pas l’impact, elle a sombré dans la dépression.

Aaron est un homme de tact, très humain, il n’a rien à voir avec l’image d’un photographe de mode survolté . Il n’a d’ailleurs plus vraiment la posture du photographe, il est bien davantage celui qui écoute patiemment Lou et accepte d’être en retrait, c’est à dire de ne pas opposer ses propres sentiments sinon sa bienveillance vis à vis de Lou . Un tel homme existe t-il dans la réalité ? Sans doute Aaron compose t-il son personnage en rapport avec le personnage idéal que ne cesse d’être Lou. Une lumière qui faiblit n’est-elle pas toujours une lumière.

Lorsque Lou raconte son désarroi, le jour où elle a senti que ses pensées n’étaient pas en accord avec les costumes qu’elle portait pour la création d’une photo, nous comprenons que Lou est une artiste. Cela doit tout de même peser bien lourd l’image de la beauté et de la jeunesse ! L’être intime de Lou paraît être indépendant de l’image qu’elle donne, a donnée et pourtant ne s’en détache pas .

Le paysage intérieur de Lou a quelque chose de l’épave, de la ruine mais il est frémissant, terriblement émouvant. La belle scénographie de Kham-Lhane PHU l’évoque dans un décor champêtre, avec des matériaux simples, bois brut, chanvre, coton qui ont leur propre langage et qui se rapprochent de l’état d’âme de Lou, qui semble fuir désormais la lumière.

Tel un tableau impressionniste qui respire de tous ses pores, la pièce dégage un parfum mélancolique sucré amer pénétrant.

Les deux comédiens Élisabeth BOUCHAUD et Jean-Benoît TERRAL excellemment dirigés par Serge DANGLETERRE, en sont complètement imprégnés.

C’est beau, beau comme un poème de Baudelaire ou de Nerval, à contre-jour, aussi une histoire d’amour.

Paris, le 25 Mai 2017                                     Evelyne Trân

 

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