De Dorothée Zumstein
mise en scène Marie Christine Mazzola // avec : Thibault de Montalembert // Sarah Jane Sauvegrain // Tatiana Spivakova.
Scénographie, Sarah Lee Lefèvre // composition musicale Benoit Delbecq //création lumière Pierre Gaillardot //
Site de la Charmante Compagnie : http://lacharmantecie.wixsite.com/lacharmantecompagnie
Crédit Photo : Gaël Ascal
Documentation
Quel dramaturge n’a pas rêvé de convoquer sur une scène de théâtre ces chères âmes disparues.
Les écrivains quels qu’ils soient ne cessent d’entendre des voix. Elles s’imbriquent dans la constellation de leur mémoire, elles font partie du tissu intime de leur conscience. Mais en vérité, cela n’existe pas la mort même pour les personnes qui ne s’expriment pas à propos de leurs chers disparus. La mort d’une personne aimée opère une dilution du temps, éternise des sensations devenues vitales . Sans mémoire que serions nous, que signifierait notre personnalité ?
Les morts ne prennent pas la place des vivants, ils les accompagnent là pourrait-on dire, là où il n’y a plus d’objet entre eux et leur être-là, ici et maintenant.
La poésie ouvre la porte aux fantômes. Ce n’est donc pas un hasard si le héros de « Never, never, never » est un poète. Il y a chez le poète un besoin inextinguible de traverser les murs, les apparences et les mots forment ces briques de murs, le plus souvent comme repères car de la même façon qu’il est impossible de fixer du regard le soleil qui vous éblouit, vous ne serez pas tentés de vous laisser approcher par des esprits sauf en rêve. Votre moi trop affirmatif est de nature à décourager les âmes flottantes que vous imaginerez libres tout entières à elles mêmes, à leurs sentiments.
A la veille de recevoir un grand prix de poésie, Ted reçoit la visite de deux femmes qu’il a aimées et qui toutes deux se sont suicidées. L’une Sylvia a été célébrée comme poète à titre posthume, l’autre Assia qui n’a pas supporté l’ombre de cette rivale s’est éclipsée à son tour.
Nous n’entendons pas de pleurs dans cette tragédie. Sylvia et Assia sont toutes à leur bonheur, bonne heure, de pouvoir s’exprimer. Leur lieu de rencontre c’est Ted.
Ted, Sylvia, Assia forment un corps à trois, instrumental où l’amour se décline avec vivacité et sensualité chez Assia, avec mélancolie chez Sylvia, tandis que Ted souvent transi, subjugué, s’offre en résonance, seul instrument joué passionnément par deux femmes. Imaginons une contrebasse qui pense à travers l’archet de son musicien. Ted dispose de deux archets, il est poète, il est Orphée, Sylvia et Assia sont ses deux Eurydice.
Mise en scène de façon dépouillée et très suggestive par Marie-Christine MAZZOLA, superbement interprétée par Thibault de Montalembert, Sarah Jane Sauvegrain et Tatiana Spivakova, la pièce de Dorothée Zumstein résonne comme un magnifique concerto onirique où l’amour réunit les vivants et les morts tel un grand livre ouvert. « Il y a la terreur et l’élan, il y a tout » disent en chœur Ted, Sylvia et Assia . « La mort a déposé ses œufs dans la blessure ». Et ce sont des poèmes !
Paris, le 1er Avril 2017 Evelyne Trân
Bonjour Mademoiselle ! J’ai été vivement intéressé par l’une de vos chroniques.
Ah que c’est pas si souvent.
Je désire vous offrir une photo prise par Henry Pessar.
Où puis-je vous l’envoyer ?
(Je ne cherche point à obtenir votre adresse personnelle. Je veux juste vous offrir une photo).
Bien sincèrement vôtre,
le marquis du Chambon btdpck@orange.fr
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