Avec : Caroline Monnier, Laura Perrotte, Isabelle Seleskovitch
Texte :
publié aux éditions
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Mise en scène :
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Elle n’est pas ligotée par son petit je, au saut du lit, elle aime être inondée, renversée par un rayon de soleil, c’est à peine si elle se souvient qu’elle a un mari, un enfant, elle a juste envie de se frotter les yeux, les mollets pour se dire « Aujourd’hui je suis libre ».
Chorégraphie incommode d’une plurielle de je ou d’une plurielle d’elles; la vérité c’est que cet en-tête invisible qui vous désigne femme avant que vous ayez pu dire oui, sollicite l’imaginaire d’une façon extravagante.
Quelle chance d’une certaine façon de ne pas savoir qui on est. Mais rassemblez donc vos esprits, Madame, essayez donc de vous souvenir, vous dites que ce n’est pas facile, appelez les donc à la rescousse vos elles que vous croyez infinies et ne vous découragez pas. La vie vous a mélangées, qui parle en vous ? L’enfant paresseuse, l’épouse mère aux petits soins du gosse et du mari, l’étudiante, la manifestante écolo, l’amoureuse fleur bleue ou la femme mûre qui impose le respect ? Vous dites que vous n’avez pas le choix, que vous voulez être toutes ces femmes puisqu’elles sont toutes en vous, que c’est pagaille, déchirements, la plupart du temps, que c’est vraiment le bouquet d’avoir à héler toutes ces elles, à vingt, trente, quarante, cinquante ans et ainsi de suite ! Pour découvrir que la personne que l’on voulait être, refuse toute définition et s’accommode en réalité tellement bien d’être plusieurs.
Votre désir de liberté, cette frange inouïe, mordue par les vagues, avait la langue venimeuse tandis que servile vous continuiez à jouer le jeu de la bonne épouse . Cette triste banalité vous a coupé le clapet, êtes vous sûre d’avoir pu abandonner mari et enfant, êtes vous sûre de l’avoir conquise cette liberté ?
Tout ça, c’est dans votre tête.Vous n’avez pas de morale, pas le sens du devoir, Madame sans tête, êtes vous encore sûre d’être une femme ? Ne seriez vous pas plutôt une sorcière ?
Elle multipliée par trois qui tiennent le pavé de la scène avec une fulminante frénésie, pour se dire, s’affronter, se découvrir, s’éclabousser, les yeux noyés de larmes et de rire.
Si vous invoquez l’esprit de l’eau, vous aurez l’idée de ces elles formidablement exprimées par les jeunes comédiennes galvanisées par cette étrange et originale symphonie de ce jeune auteur suédois, Jonas Hassen KHEMIRI. Éclaboussant spectacle !
Paris, le 26 Mars 2017 Évelyne Trân