Artistes : Moussa Kobzili, Véronique Gallet, Elena Canosa, Laurence Février, Catherine Le Hénan, Henri Gruvman
Dramaturgie, scénographie, environnement sonore |
Brigitte Dujardin |
Lumières | Jean-Yves Courcoux |
Production |
Chimène, compagnie théâtrale, avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, Ministère de la culture et de la communication. |
« Je suis Voltaire » fait évidemment référence au slogan « Je suis Charlie » .
En Janvier 2015, à l’annonce de l’attentat de Charlie Hebdo, l’émotion s’est répandue comme une traînée de poudre et dans son sillage, la figure de Voltaire qui possède son boulevard à proximité de la Place de République à PARIS, a resurgi brandissant son traité sur la tolérance.
Parce qu’il n’est par mort Voltaire, loin de là, pour s’en convaincre, il suffit de se remettre à l’esprit cette citation :
« craignons toujours les excès où conduit le fanatisme. Qu’on laisse ce monstre en liberté, qu’on cesse de couper ses griffes et de briser ses dents, que la raison si souvent persécutée se taise, on verra les mêmes horreurs qu’aux siècles passés; le germe subsiste: si vous ne l’étouffez pas, il couvrira la terre»
Voltaire a écrit le traité sur la tolérance pour obtenir la révision de CALAS, victime de l’Inquisition. L’écriture peut servir l’action. A une époque où nous serions enclins à douter des discours politiques, nous voilà interpellés par la voix d’un écrivain engagé, il y a déjà trois siècles, contre le fanatisme.
Manifestement émue, captivée par le personnage, Laurence FEVRIER signe un spectacle très original qui invoque l’esprit de Voltaire, dans une étourdissante « chasse » à l’homme, histoire de s’assurer de sa présence là même où on ne l’attendrait pas.
Le moins que l’on puisse dire c’est que Laurence FEVRIER ne se soucie nullement de l’unité de temps, de lieu et d’action. C’est à une créature biblique féminisée Ezéchièle qu’il incombe de commenter les affairements de l’esprit, ses injonctions, questionnements, toujours à fleur de peau, car si nos conditions de vie ne sont pas comparables à celles du 18ème siècles, pouvons nous en dire autant de notre psychisme. A t-il vraiment évolué ?
Pourquoi Ézéchiel, cet ange « sacrificateur » ? Parce que cet anticlérical de Voltaire – nous l’apprenons par la voix de son amante exubérante Madame DE CHATELET éminente scientifique, traductrice de Newton – décortiquait la Bible pour mieux affronter l’Inquisition.
Bien vue, la scène entre l’ancien camionneur devenu professeur et tuteur d’une jeune fanatisée. Issu de l’immigration, il est fier d’être français et parle de Voltaire comme d’un ami, ce qui lui vaut les grimaces de sa protégée.
La pièce ne se veut absolument pas didactique. Elle fait la part belle à l’imagination, brouille les pistes à plaisir. Servi par des comédiens convaincants, le spectacle est piquant, instructif, il porte la trace de la fougue de Voltaire, de son esprit de liberté et de son incroyable actualité.
Paris, le 25 Mars 2017 Évelyne Trân