Pièce écrite et mise en scène par Pierre Margot
avec Guillaume Orsat
et en alternance, Xavier Béja ou Pierre Margot,
Céline Legendre-Herda ou Julie Allainmat.
Collaboration artistique : Claire Guyot – Dramaturgie : Anne Massoteau
Musique : Nathalie Miravette – Lumière : Charly Thicot
Deux solitudes, deux animaux de laboratoire, aurions nous envie de dire ! Eh oui, si Dieu s’amusait à les observer ! Les cheveux se dressent sur votre tête, comment vous nous traitez d’animaux, nous les humains, c’est une honte ! Dans la comédie grinçante et noire de Pierre MARGOT, certains épisodes nous rappellent de façon savoureuse le film d’Alain RESNAIS « Mon oncle d’Amérique » qui donne la parole au savant Henri LABORIT étudiant la parenté entre le comportement de quelques humains et celui de rats en cage.
Cela dit la pierre de taille de l’homo sapiens c’est la parole et aucun savant n’a encore réussi à faire parler les autres espèces animales.
Shaman et Shadoc ne se connaissent pas. Ils se rencontrent sur un banc. L’un paraît assez timide, l’autre a une mine de clochard qui a une grande gueule. C’est assez prise de tête entre eux sans que l’on sache où se trouve l’os à dénicher. Il y a un os c’est sûr ! Et s’il n’y avait pas ce point commun entre eux, la solitude, pas d’histoire, pas de rencontre.
Les spectateurs sont conviés à traverser le labyrinthe ou le sac de nœuds enfoui qui relie les deux personnages. Qu’est-ce qui permet à Shaman, le clodo de se moquer de Shadoc un type sérieux, très respectueux des conventions ? Comment Shadoc qui a une sainte horreur des rats peut-il continuer à fréquenter Shaman qui vit avec une rate sa seule compagne ?
Plutôt surréaliste comme situation ! Qui a tort, qui a raison, celui qui affiche son mépris total des conventions et se révèle être un assassin, ou celui qui en raison de ses réflexes d’obéissance bien ancrés va tuer un pauvre rat lors d’une expérience scientifique menée par Shaman ?
Guillaume ORSAT, Shaman et Pierre MARGOT, Shadoc, jouent avec maestria ces deux énergumènes antagonistes. Leurs échauffourées circonstancielles peuvent démanger, agacer, elles attisent en tout cas leurs réactions furibondes pour l’un, exaspérées pour l’autre. Et c’est drôle, souvent très drôle.
« Et moi, et moi alors ? » pourrions nous crier à la fin du spectacle. Faut peut-être danser à la corde de manège du créateur sans se préoccuper de savoir comment elle tient. Suspense, grand suspense !
Paris, le 19 Mars 2017 Evelyne Trân