C’est sur le ton de la confidence, avec son costume d’époque que Claude BRASSEUR convie le public à une lecture toute joyeuse, toute lumineuse de l’indigent philosophe issu des Journaux de Marivaux.
Grâce à la présence de Claude BRASSEUR , le texte constitue une sorte de portrait idéal d’un indigent qui a suffisamment vécu pour discourir des vanités humaines avec humour et un chevaleresque détachement.
En parlant de son âme l’indigent dit « Je l’ai stylée à tout, c’est vraiment une aventurière »
Mais derrière la bonhomie ou la nonchalance de celui qui dit « Personne ne viendra m’escroquer les moments que je prétends passer à ne rien faire, vive les loisirs de ceux qui n’en ont guère ! » il y a le regard d’un homme lucide qui voit dans la vanité la source de la méchanceté humaine.
Il est pauvre, soit mais « Ne m’humiliez pas » prévient-il ses auditeurs.
C’est que l’indigent a du poil de la bête. C’est un artiste de la vie qui sait ce que trinquer veut dire au propre et au figuré mais surtout un épicurien plein de malice.
Cette philosophie là nous pique en cette époque très matérialiste où l’éloge de la pauvreté pourrait faire frémir. Cela dit, cela n’a pas de prix d’avoir l’esprit libre, cela n’a pas de race, pas de classe sociale, cela frise l’herbe folle, l’herbe sauvage.
Paradoxalement, cet indigent philosophe et la violoncelliste qui l’accompagne semblent sortir d’un tableau au Louvre.Mais c’est un tableau vivant qui saisit nos papilles par la voix de MARIVAUX et de son interprète !
Paris, le 18 Mars 2017 Evelyne Trân