Prochaines représentations
Salut du terrien au cosmos ! Léo FERRE avait ce panache comme un Cyrano de donner l’impression qu’il s’adressait à l’univers entier, qu’il ne réveillait pas les morts mais qu’ils étaient tous là autour de lui, ceux qu’il aimait par dessus tout, les poètes, Verlaine, Rimbaud, Apollinaire et tous ces gueux, les artistes dont il faisait partie. Il suffisait qu’ils le tirent par la manche, qu’il les embrasse de son regard musical fulgurant, amoureux, dans une sorte de chevauchée fantastique pour créer son petit vaisseau spatial à lui, capable de tourner autour de la lune, du soleil et surtout de nos propres rêves.
Rêve de révolution par exemple, Mai 68. Michel HERMON avait vingt-ans lorsqu’au début de l’année 1969, il assista au récital de Léo FERRE à Bobino. Ce fut un choc, une révélation dont il conserve l’impression telle une marque au fer rouge ou le premier pas d’un homme dans cette voie royale où le sortilège de l’art embrase chaque coin de rue.
Avec humilité, Michel HERMON raconte que Léo FERRE a toujours été à ses côtés . Il l’a chanté lors de deux de ses spectacles Thank you Satan et Compagnons d’enfer et aussi lors de sa participation à la création de son Opéra du pauvre.
Le récital qu’il nous offre BOBINO 69 respecte toute la dramaturgie créée par Léo FERRE . Seize chansons au total avec un entracte. De véritables fleurs musicales qui défient le temps, certaines très connues comme les Anarchistes, Ni Dieu ni maître, Pépée, d’autres moins avec ce bonheur de la découverte.
L’enchaînement se déroule de façon magnifique comme si l’interprète suivait une route connue de lui seul, qu’il jouait le rôle de guide pour le public en terre inconnue.
Car nous croyons les entendre pour la première fois par la voix de Michel HERMON, celles que nous connaissons déjà. C’est tout le sortilège de l’art de permettre à une chanson de renaître chaque fois qu’elle est chantée.
Le piano semble bouillonner sous les doigts de Christophe BRILLAUD et Michel HERMON offre toutes ses tripes aux chansons comme un amoureux passionné, il est bouleversant.
Il n’y a qu’un adjectif pour décrire ce spectacle, il est beau. C’est tout le parcours d’un homme inspiré par FERRE qui s’y dessine comme un chemin de montagne avant d’atteindre le haut plateau, son sommet artistique !
Paris, le 5 Mars 2017 Evelyne Trân