LA CRUCHE de GEORGES COURTELINE AU THEATRE LE LUCERNAIRE – 53 rue Notre-Dame des Champs 75006 PARIS du 14 Décembre 2016 au 22 Janvier 2017 du Mardi au Samedi à 19 H – Dimanche à 15 H –

affiche%20la%20cruche_1M I S E  E N  S C È N E   H E N R I D E VASSELOT
AVEC
ANTONINE BACQUET (MARGOT, E N ALTERNANCE)
AGATHE TREBUCQ (MARGOT, E N ALTERNANCE)
FLORENCE ALAYRAC ( C A M I L LE , E N ALTERNANCE)
MARIA MIRANTE ( C A M I L LE , E N ALTERNANCE)
MARTIN JEUDY (DUVE R N I É , E N ALTERNANCE)
MARC VALÉRO (DUVE R N I É , E N ALTERNANCE)
ALEXANDER SWAN (DUVE R N I É , E N ALTERNANCE)
MARC SOLLOGOUB ( L AURIANNE, EN ALTERNANCE)
HENRI DE VASSELOT ( L AURIANNE, EN ALTERNANCE)

 

Sexe, amour et volupté au temps des goguettes, au début du vingtième siècle, avec un portrait de femme, Margot, qui a du faire bondir bien des féministes. Margot, la cruche que s’échangent deux amis, l’un obscur employé qui rêve d’obtenir une décoration, l’autre un peintre mûr, se révèle sous son vernis craquelant, extrêmement touchante.

Courteline dispose d’un flair psychologique bien acéré, il montre que ce n’est pas la volonté ni les velléités de chacun des personnages qui mènent la ronde. Nécessité fait loi, de sorte qu’après le mirage de quelques pirouettes à l’intérieur du filet social, après quelques roucoulades des deux coqs dans leur poulailler, la poule, ayant compris qu’elle n’était qu’une cruche à leurs yeux, choisit celui qui ne peut plus lui conter fleurette et qui pour continuer à jouer l’homme, ne pas voir ses belles plumes faner, n’a pas d’autre choix que d’épouser Margot.

Il y a beaucoup de mélancolie dans le personnage de Margot qui ne croit pas vraiment à ses charmes, qui n’agit pas par calcul mais qui a de la douceur à revendre. Elle est une proie facile pour ces mâles pour qui Margot n’existe que comme faire valoir de leurs désirs, l’un la prendra pour modèle, l’autre pour femme, mais Courteline qu’on ne peut qualifier de féministe, creuse davantage le mystère de Margot, dont les battements d’ailes quelque peu désespérés, comme un oiseau prisonnier au fond d’une cruche, nous touchent profondément.

Véritable divertissement pourtant que cette courte pièce, la dernière de Courteline, ponctuée d’intermèdes chantés à quatre voix. Il y flotte dans l’air toutes sortes de parfums, ceux-là mêmes invoqués par Baudelaire :

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

qui grisent l’atmosphère où les scènes de ménage très drôles trouvent allègrement leur exutoire.

Ce cliché des mœurs, à l’avènement du vingtième siècle ou la Belle Epoque, a l’impertinence de réveiller nos instincts les plus primaires, car nous n’avons pas fini de jouer à l’homme ou à la femme dans notre société et la belle Margot qu’elle soit chantée par Brassens ou par Courteline a encore bien du chemin à faire.

Voilà un très joli spectacle, excellemment interprété, poivré et chantant dont la mise en scène prête le flanc aux humeurs buissonnières et gourmandes, où le vulgaire et le délicat s’accrochent irrésistiblement au palais, la plume si bien troussée de Courteline.

Paris, le 31 Décembre 2016                  Évelyne Trân

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