FILLE DE PARADIS – Adaptation de Ahmed Madani – au THEATRE DE BELLEVILLE – 94 rue du Faubourg du Temple 75011 PARIS – du 14 au 18 Décembre 2016 –

fille-de-paradisd’après Putain de Nelly Arcan

mise en scène Ahmed Madani

Avec Véronique SACRI

Tirée du récit PUTAIN de Nelly ARCAN, l’histoire de la fille du paradis, fait penser à un immeuble dont la façade a été marquée par les flammes d’un incendie.

La jeune femme qui apparaît sur le plateau est belle, elle est habillée en noir peut être trop sagement. C’est déconcertant, voilà une femme qui raconte son expérience d’escort girl et qui n’a pas l’air d’une putain !

Le metteur en scène Ahmed MADANI couve d’un regard juste et délicat cette jeune femme fraîche . D’emblée, le spectateur n’a pas la sensation d’être un voyeur venu écouter les confessions sulfureuses d’une prostituée. Car le réquisitoire de Nelly ARCAN contre la condition sexuelle des femmes dans la société n’a rien de sulfureux.

N’être qu’un corps, une image, un sexe, vis à vis d’un ou d’une autre, c’est une sensation terrible . Les mots de Nelly ALCAN ont cela d’incroyable qu’ils donnent l’impression d’être des petits cailloux de chair porteurs de la mémoire de son corps blessé, avili, méprisé.

Les hommes qui ont recours aux prostituées pour assouvir des besoins sexuels naturels – après tout la prostitution n’est il pas le plus vieux métier du monde – savent ils que la chair et l’âme ne font qu’un.

Nelly croyait ne vendre que son corps mais sa tête qui ne plie pas, qui enregistre tout, l’oblige à cogner contre ses souvenirs, à se demander pourquoi, comment, elle s’est retrouvée piégée parce qu’un jour comme toutes les femmes, elle a voulu plaire, prendre du plaisir. Cela avait l’air si facile, si naturel…

Les journaux féminins qui entendent cultiver l’image d’une femme belle, jeune, ne font pas autre chose que de mettre en valeur nos comportements les plus primaires. Au balai les intellectuelles, ce sont des chieuses. Et puis faut être réaliste, tant pis pour la vulgarité du propos, la queue d’un homme ça ne pense pas, ça bande !

Nelly devenue Cynthia confie en effet :

« Chaque bout de queue bande de ma putasserie . Chacun est le seul à me faire plier – Que voient ils en moi ? Le lit, la table de chevet, le fauteuil ? – Minute après minute, heure après heure, jour après jour, je laisse la motte de poils différents au milieu de la pièce  – Trop de clients sont semblables par la misère des hommes à aimer la putain -« 

La chair de Nelly est devenue écrivaine. Véritable travail que celui de l’écriture destiné à élever une digue de fortune. Oui, Nelly clame son existence, face à des bourreaux anonymes accrochés au miroir, oh combien lucratif, de la belle femme jeune et sexy.

Au milieu de la scène sombre, où l’on voit de côté quelques chaises se chevaucher, Véronique SACRI seule apparaît, incandescente, habitée par la langue tourmentée de Nelly ARCAN. Elle est une femme et peu importe notre sexe, c’est ainsi que nous la voyons, l’entendons à travers son tissu de voix plein de reliefs, si jeune, si pur…

Paris, le 20 Juillet 2015

Mise à jour le 21 Décembre 2016                    Evelyne Trân

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