Mise en scène : Christophe Givois
Distribution :
Fatima Chaïb-Eddour, Jude Joseph , Joyna Moon, Christophe Givois
Durée : 1h15
Voilà une comédie de « Fin du monde » qui n’est pas triste ! D’humeur plutôt fantaisiste, Emmanuel DUPUIS s’est laissé guider par sa fascination pour la Gare Saint Lazare et par quelques rêveries qui l’emportent lorsqu’il observe des SDF autour de cette gare.
En vérité, le célèbre Samuel BECKETT a fait beaucoup de tort à cette fraction de la population « exclue » avec sa pièce « En attendant Godot ». Immanquablement, le cliché se greffe sur notre pauvre cervelle nous illusionnant sur le caractère hautement philosophique des miséreux.
Dieu merci, tout le monde n’a pas lu Beckett et ceux qui trouvent comique ce clochard de Charlot ne font pas le rapprochement avec les mendiants ivres qui les accostent.
Cela dit peut être bien qu’Emmanuel DUPUIS inconsciemment ou pas porte sur les épaules un passé encore tout frais. Le photomaton qu’il érige en personnage pourrait bien faire figure aussi d’une belle boite de conserve géante dont l’étiquette porteuse des rêves de ses deux héros, Caul et Brinduc subirait les vertiges d’un passé flageolant et d’un dérèglement de contes atmosphériques absolument déconcertants.
L’on assiste grosso modo à une bataille de polochons entre nos petits clichés de bon aloi : Dieu, ce grand fourre-tout, la Machine, l’assistante sociale, le sentiment que les SDF sont des gens comme les autres, et l’incroyable optimisme d’Emmanuel DUPUIS qui croit vraiment aux vertus de l’onirisme (un mot savant servant de synonyme à rêverie) qui va bon train puisqu’au final grâce à ce formidable coup de pied au derrière que constitue l’imagination, Caul, cet indécrottable SDF ira rejoindre sa dulcinée ailleurs !
Un peu d’optimisme en ces temps de morosité, cela fait du bien. Il est possible de s’étonner du manque de méchanceté ou d’agressivité des protagonistes. Mais apparemment, l’auteur entend préserver la présomption d’innocence de ces personnages plus scotchés à l’ordinaire (qui vaut de l’or) qu’à ses complications. Dès lors, tout est possible partir de Saint Lazare pour aller à LAS VEGAS. S’il y a quelque chose qui cloche, cela tient au fait que ces personnages « malheureusement ordinaires » soient capables d’appréhender une réalité complètement déréglée. Peut-être n’ont-ils pas le choix ou alors un monde meilleur serait-il en train de se peaufiner à l’horizon ? Un monde où les hommes auraient gardé leur parfum d’enfance et où la poésie et sa copine, l’imagination régneraient enfin ! L’équipe théâtrale porteuse d’un tel programme ne doit pas ménager ses efforts pour conduire à la victoire ces SDF hors du commun !
Paris, le 9 Décembre 2016 Evelyne Trân