« L’Empereur, c’est moi! » de Hugo Horiot. Mise en scène de Vincent Poirier au STUDIO HEBERTOT – 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris Du 15 au 20 novembre, à 21h00, le dimanche à 15h –

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avec 

Hugo Horiot,

et Clémence Colin.

Ne serions nous pas tous un peu autistes par hasard ? Certainement pas. Et pourtant, le qualificatif autiste est utilisé dans la vie courante pour décrire une personne jugée peu communicative, dans sa bulle. Le terme est péjoratif. Il est à peu près certain que des personnes réputées « normales» se sont trouvées un jour ou l’autre dans une situation très proche de l’autisme, par suite d’une émotion, d’un chaos intérieur, qui impliquait une rupture momentanée avec l’extérieur. Cette rupture Hugo HORIOT, l’a connue très jeune pour ainsi dire à la naissance et elle a duré toute son enfance.

Que Hugo HENRIOT ait pu mettre des mots sur cette douloureuse expérience, relève de l’exceptionnel. Nous imaginons le soutien que lui a apporté sa mère et la grâce du théâtre qu’il pratiqué dès l’âge de 15 ans.

Hugo HORIOT est un oursin d’émotions mais les pics de sa carapace très tendre, il a réussi à les apprivoiser, à les soulever de façon presque aérienne, ce qui lui a permis de les projeter dans son imaginaire et de se saisir enfin de mots.

Hugo HORIOT est un véritable combattant, un rebelle inné qui se refuse à l’ordre établi. Qu’est-ce que ça veut dire après tout ces curieuses lois humaines qui décident qu’à partir du moment que vous êtes né, vous devez signer un contrat avec ceux qui vous accueillent. Contrat d’obéissance aux lois, aux coutumes, aux à priori qui vous encadrent. Il faut être comme les autres, comme la plupart des autres, sinon vous n’êtes pas normal !

Hugo HORIOT raconte ce choc inouï à la naissance. Hugo n’a jamais été un bébé poupon, gage d’innocence. Est-ce si facile de faire comprendre aux autres que vous n’êtes pas un bébé mais une personne ? Les revendications des nouveaux nés, à vrai dire se noient dans les braillements.

La normalité est une sorte de liquide transparent qui laisse passer n’importe quel individu sans broncher. La plupart des individus font le saut vers la réalité parce qu’il n’y a pas d’autre porte. Hugo semble t-il avait choisi de rester derrière la porte, soit parce qu’il n’avait pas confiance, soit parce que cette réalité ne lui disait rien qui vaille. Pas normal ? Il s’est cogné contre cette porte parce que derrière il entendait la voix de sa mère et qu’il voulait la rejoindre en dépit de ses doutes, ses frayeurs, sa colère.

Quand la réalité fait des grumeaux, qu’elle n’est pas aussi lisse et transparente qu’on voudrait le croire ! Deux et deux font quatre et les trains ne déraillent qu’exceptionnellement. Faut-il comparer les humains à des trains, à des chiffres ?

Il importe d’écouter le témoignage d’Hugo HORIOT, qui est absolument bouleversant, voire instructif. Tous, pour la plupart, avons enfoui dans notre mémoire cette brebis galeuse, la nôtre, qui disait non, qui bêlait affreusement. Hugo n’a pas voulu l’enfouir, il l’a dégagée de lui même pour la faire sortir , sachant qu’elle avait des choses à dire, sachant qu’elle nous concernait.

Et elle se révèle très tendre au fond comme Clémence COLIN qui interprète dans la langue des signes cet autre moi d’Hugo HORIOT.

La mise en scène sobre et pudique de Vincent POIRIER met en valeur la personnalité d’Hugo HORIOT qui réussit à déployer sur scène toute la force de son imaginaire sans oublier le public devenu terre plein d’une réalité émue aux larmes.

Paris, le 5 Décembre 2016                       Evelyne Trân

 

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