LE MONOLOGUE DU NOUS de BERNARD NOEL – MISE EN SCENE ET ADAPTATION DE CHARLES TORDJMAN à LA MAISON DES METALLOS – 94 rue Jean PierreTimbaud 75011 PARIS – du Vendredi 4 au Dimanche 13 Novembre 2016 –

 

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Photo Eric Didym

mardi 8 novembre → 21h
du mercredi au vendredi → 20h
sauf vendredi 11 novembre → 16h
samedi → 19h
dimanche → 16h
durée 1h30

texte Bernard Noël (éditions P. O. L)
mise en scène, adaptation Charles Tordjman
avec Elissa Alloula, Loulou Hanssen, Céline Carrère, Sophie Rodrigues
collaboration artistique François Rodinson
scénographie Vincent Tordjman
musique Vicnet
lumières Christian Pinaud
costumes Cidalia Da Costa
conseillère chorégraphique Caroline Marcadé
production Compagnie Fabbrica – SortieOuest Béziers
avec le soutien du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, de la Maison des métallos
avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

Un nous lapidaire qui rassemble les voix de quatre jeunes femmes pour éprouver son monologue et terriblement signifier son isolement.

Y a t-il une conscience du nous ? Ici, il fonctionne à l’aveuglette, il a pris parti pour la chute, le sacrifice, la mort. Un nous qui n’englobe pas tous les nous car nous (encore nous) le savons bien les mots sont des valises dans lesquelles nous fourrons confusément nos habits. Et la peau dissimulée sous les habits comment s’exprime t-elle ?

Ce nous qui n’a pas de visage unique se cherche tout en martelant tout au long de son monologue que parce qu’il s’éprouve piégé dans un terrain miné, il va se faire exploser.

Ce nous écharpé lorsqu’il crie « Nous voulons venger le peuple, pas de pitié pour les patrons » l’exprime au sein d’un monologue et non d’une manifestation publique . Du coup, nous retrouvons dans ce nous une réalité individuelle et personnelle.

Car il est encore question de la personne à travers ce nous qui expérimente la férocité de la langue. Sommes nous capables de considérer la distance entre nos pensées et nos actes ?

Ainsi parce qu’il a décidé de venger le peuple, tout en condamnant la violence policière, un  groupe de quatre femmes est amené à se conduire en criminel vis à vis d’un policier qui n’est pas une personne à ses yeux mais un représentant de l’état.

Cette déperdition de la notion de personne a pris de la résonance depuis les attentats de Charlie hebdo,au Bataclan et à Nice. Le rapprochement peut paraître odieux, mais comment ne pas remarquer que si les terroristes tirent sur une foule d’individus sans distinction, les manipulateurs de la bourse de leur côté n’ont pas plus d’états d’âme lorsqu’il s’agit de mettre en faillite ou à la rue les victimes de leurs juteuses opérations.

Bernard Noël a écrit ce monologue du nous avant les attentats de 2015 et 2016 en France.Il s’est inspiré de ceux qui se sont produits en Palestine ou ceux d’action directe en Italie. Il parle d’un nous blessé qui s’inscrit dans un monologue prenant sa source dans une révolte à chair d’homme . Ce nous est un éclatement du je, il désigne aussi bien soi que les autres. Comment pouvons nous ignorer que le nous est déjà en nous puisque chaque individu est le fruit de deux personnes physiques ?

Le nous kamikaze qui expose dans ce monologue l’écharde saignante qui pourrit ses illusions demande que l’on se penche sur sa blessure béante . Qui ça on ? Une chose est sûre, cela nous concerne .

Charles TORJDMAN comme il avait fait auparavant dans sa mise en scène de DAEWO de François BON qui donnait la parole aux femmes témoignant du drame de la fermeture des usines en Lorraine, a choisi de faire porter ce monologue exclusivement par des comédiennes. Toutes sont jeunes et réussissent cette performance d’incarner ce nous qui ne contient, comme l’a fait remarquer Bernard NOEL, aucune bribe de dialogue, qui s’exprime en chœur.

Paris, le 6 Novembre 2016                    Évelyne Trân

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