LE CID de Pierre CORNEILLE – Mise en scène de Jean-Philippe DAGUERRE au THEATRE DU RANELAGH – 5, rue des Vignes 75016 PARIS – Du 14 Septembre 2016 au 15 Janvier 2017 – du mercredi au samedi à 20h45 – les trois premiers samedis à 16h30 : 17 et 24 septembre + 1er octobre puis à partir du 8 octobre samedi à 15h dimanche à 17h – Relâches : 7 octobre / 2, 24 et 25 décembre / 1er janvier

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Distribution

Auteur : Pierre CORNEILLE

Mise en scène : Jean-Philippe DAGUERRE

Assistant mise en scène : Nicolas Le Guyader

Avec : Manon Gilbert, Kamel Isker ou Thibault Pinson, Charlotte Matzneff ou Flore Vannier-Moreau, Alexandre Bonstein ou Didier Lafaye, Stéphane Dauch, Edouard Rouland ou Johann Dionnet, Christophe Mie, Sophie Raynaud, Yves Roux, Mona Thanaël ou Maïlis Jeunesse

Musiciens : Petr Ruzicka et Antonio Matias  – Musique originale : Petr Ruzicka

Combats : Christophe Mie –   Costumes : Virginie Houdinière –  Décors : Frank Viscardi

Vous n’y pensez pas, « Le Cid » a près de quatre cents ans ( la pièce fut créée en 1637) et il se porte comme un jeune homme !

Corneille était jeune lui aussi, à peine trente ans, lorsqu’il créa cette tragi-comédie qui le rendit célèbre du jour au lendemain.

Le Cid, c’est un peu notre Roméo et Juliette, cette tragédie de Shakespeare, composée en 1595. Corneille en a t-il eu connaissance ? 

Le sens de l’honneur, l’amour y sont exaltés avec une spontanéité inégalée. Le terme spontanéité peut étonner, parce que la pièce en vers, essentiellement en alexandrins, ne fait pas un pli. Combien de comédiens ne sont pas laissés emportés par le souffle lyrique et ronflant des personnages.

Pas évident de ne pas se prendre les pattes sur ce tapis rouge du sens de l’honneur, au nom duquel les seigneurs du 17ème siècle, s’entretuaient au cours de chevaleresques duels.

Dans cette pièce, Corneille en grand diplomate fait écho à cette calamité à laquelle entendait mettre fin Richelieu et le roi Louis XIII le juste. Il fait entendre aussi bien la voix de ces nobles valeureux et rebelles que celle du Roi qui veille au bon grain.

Et puis celle du jeune Rodrigue déchiré entre son sens du devoir filial et son amour pour Chimène. Le drame Cornélien considéré avec une loupe psychanalytique, est un psychodrame familial qui met sous le projecteur la figure paternelle du côté du fils pour Rodrigue, du côté de la fille pour Chimène. Rodrigue ne tuera pas son père mais il le désavouera d’une certaine façon puisqu’il ne renoncera pas à son amour pour Chimène. Cette dernière étonnamment n’a pas de complexe d’œdipe. Elle n’a d’yeux que pour Rodrigue et défend l’image de son père par devoir mais aussi parce qu’il lui importe de ne pas paraître faible aux yeux de Rodrigue.

Il y a cette intuition chez Corneille que l’amour fait partie de ces illuminations qui ne supportent pas la mesquinerie, la lâcheté. Rodrigue et Chimène se regardent dans les yeux, ils sont miroir l’un pour l’autre. Même si leur fusion est contrariée, elle a déjà été et ne plus croire à leur flamme, c’est mourir comme Roméo et Juliette.

Le duel entre les pères qui s’achève par la mort de Don GOMES configure une mise à l’épreuve de l’amour de Rodrigue et Chimène qui sortira vainqueur mais non sans déchirements, c’est aussi tout le suspense de cette tragi-comédie.

Dans la mise en scène de Jean-Philippe DAGUERRE, qui a la bonne idée de faire intervenir sur scène un duo de musiciens, excellent, nous pouvons sans effort nous imaginer en Espagne, Chimène interprétée ardemment par Manon GILBERT a des accents de Carmen, et nous voyons en Rodrigue, le fougueux Kamel ISKER, l’amoureux idéal capable de défendre son amour sacré, face au déni de Don Diègue qui lui rétorque « L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir ».

Sommes nous si loin du Peace and Love prôné par la jeunesse dans les années soixante. Certainement pas, sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’amour libre mais d’amour, ferment d’identité morale, qui s’affirme idéalement, fièrement, qui donne un sens à la vie, dans tous les sens du terme.

Les personnages évoluent dans de très beaux costumes, c’est un véritable plaisir pour l’œil. Nous assistons à des combats de cape et d’épée réjouissants, le cœur palpite d’émotion, on entend ses violons, nous nous surprenons même à oublier le superbe phrasé de Corneille, tant nous sommes troublés par la présence de Rodrigue et Chimène, qui vivent leur amour devant les spectateurs comme s’il était universel.

Le metteur en scène Jean-Philippe DAGUERRE mise sur une ambiance quasi romanesque un peu comme dans les  » Trois mousquetaires  » d’Alexandre Dumas. Il y a cette impression délicieuse de voir sortir du cadre d’un tableau au Louvre, des personnages si animés par leurs passions qu’ils croient s’adresser à la terre entière. Dire que cette étrange ivresse, le public d’aujourd’hui puisse la partager en dépit du décalage temporel, c’est magique.

Évidemment les propos excessifs de chacun des protagonistes prêtent à rire mais c’est un rire libératoire et quelque peu jaloux de la belle verve Cornélienne. Signe révélateur du comique des situations, la présence du roi bouffon, enfariné, interprété par l’irrésistible Didier LAFAYE.

Voilà une mise en scène du Cid tout à fait divertissante, tout public, qui secoue les branches de ce vieil arbre Cornélien, avec doigté, entraînant les spectateurs dans son feuillage vivace et chaleureux.

Paris, le 28 Février 2016

mise à jour le 15 Septembre 2016                 Evelyne Trân

 

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