AVEC
Christiane Singer : Auteur
Dominique Fataccioli : Scénographe
Céline Marrou : Metteur en scène,Scénographe
Jézabel D’Alexis : Comédienne
Voix et voie se confondent dans leur homonymie pour poursuivre leur voyage. A l’annonce de sa mort prochaine, il ne lui resterait plus que six mois à vivre, Chrsitine SINGER vit la maladie comme une expérience, une épreuve. Et elle l’accueille en quelque sorte comme une présence invisible.
La maladie qui assiège son corps bouscule sa conscience, l’écarquille, c’est une relation intime qu’elle instaure avec cette maladie à la façon d’une condamnée à mort, à l’instar du condamné à mort de Victor Hugo, qui lape ébloui et avide chaque instant comme s’il était le dernier.
La réalité de la maladie forme mur, cloison, elle sépare des autres réalités mais Christine SINGER entend passer son visage à travers le mur, elle a toujours envie de vivre même torturée.
Son témoignage n’est ni intellectuel ni larmoyant. Il émane d’une personne pour qui l’écriture est une marche en avant. C’est la pensée qui tant bien que mal essaie de se frayer un passage à travers des mots. Dans ces derniers fragments, l’expérience de l’écriture et celle de la maladie nourrissent le vœu de l’écrivaine d’élever sa conscience, en tout cas de recouvrir sa pensée de son ultime étape charnelle.
Parce qu’il s’agit toujours de recouvrer la voix, passer par-dessus la souffrance sans l’occulter, au contraire en parler. Souffrir c’est encore être vivant. Dans ce journal où chaque date est une page arrachée à la mort, Christiane SINGER ne peut que s’éblouir encore toujours de vivre, d’accueillir chaque rémission de la douleur comme une respiration inespérée, extraordinaire, mystique.
Son témoignage est de nature à donner de l’espoir, du courage surtout à tout un chacun confronté à l’épreuve de la maladie. Au moment même où elle sent qu’elle va lui échapper, Christiane SINGER entend la fleur de vie lui frôler le visage et cette fleur, ce cadeau, elle l’appelle l’amour.
La présence de la mort invisible pourrait se confondre avec la présence d’un amour invisible. L’expérience n’est pas raisonnée elle fait partie du champ du corps et de l’esprit.
La mise en scène et la scénographie épurées de Céline MARROU et Dominique FATACCIOLI ont à cœur d’accompagner l’apparition de la comédienne Jézabel d’ALEXIS, véritable soleil noir de ce spectacle, confondant, magnifique.
Paris, le 3 Septembre 2016 Évelyne Trân