Auteur : Wajdi Mouawad
Mise en scène : Joseph Olivennes
Distribution : Pamina de Hauteclocque, Jock Maitland, Vianney Ledieu, Aloysia Delahaut, Et Rafaële Minnaert En alternance avec Anne Lefol
Dominée par la figure de Julie, une adolescente qui interpelle la mort qui vient d’emporter sa grand mère, à la façon d’une Antigone, PACAMAMBO est une pièce composite qui brasse plusieurs courants, plusieurs cultures qui se recoupent comme dans un puzzle dont les morceaux se soulèveraient pour désigner cet au delà, ce lieu subliminal, ce paradis d’amour et de paix qui doit bien exister puisque tout le monde en parle !
La relation à la mort est intime et universelle. Nous adultes, pétris de culture et de conventions, nous ne pouvons répondre qu’assez niaisement, il faut le dire aux questions des enfants à propos de la mort. Et tant mieux ! Mais dans la pièce, il ne s’agit pas d’abstraction, l’événement de la mort a eu lieu et c’est une jeune fille qui en parle.
Une enfant qui refuse de faire le deuil de sa grand-mère, n’est-ce point normal ? L’événement de la mort d’un proche, c’est un coup de ciseaux sur l’instant, de cordons qui vous rattachent à la terre à son quotidien, à son ordinaire. Mort égale extraordinaire !
C’est ainsi que la mort devrait rejoindre l’extraordinaire naissance. La jeune fille crie « Pacamambo » comme une enfant qui vient de naître mais en toute connaissance de cause, en tenant la main à une morte, sa grand-mère.
C’est un joli conte qui permet aux différents personnages qu’un enfant rencontre aussi bien dans l’imaginaire que dans la réalité de s’incarner sur scène. La perception d’un enfant, plus libre, ne dresse pas de frontières entre le chien, le psychiatre, la grand-mère et la mort. Son regard est entier et purement affectif.
A travers le regard de Julie interprétée avec passion par Pamina de HAUTECLOCQUE, les spectateurs peuvent sonder leur propre imaginaire et se laisser aller à rêver de … Pacamambo .
De toute évidence, Julie fait partie de ce pays. Chez elle, tout le monde a droit à la parole, morts et vivants confondus et même le chien une créature interprétée avec une succulente drôlerie par Jock MAITLAND. Joseph OLIVENNES, le metteur en scène, dirige les comédiens : Rafaële MINNAERT est une adorable grand-mère, Vianney LEDIEU, un affable psychiatre et Aloysia DELAHAUT joue le personnage de la mort avec une belle extravagance.
Un spectacle à voir en famille, la vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants dont Wajdi MOUAWAD s’est inspiré pour composer sa pièce . Au croisement des cultures, mœurs et coutumes, c’est l’impression de l’enfance qui continue à nous interpeller. Est-elle si innocente ?
Paris, le 20 Août 2016 Evelyne Trân