LE JOUEUR D’ECHECS de Stefan SWEIG au Théâtre du Lucernaire 53 rue Notre Dame des Champs 7500 PARIS jusqu’au 27 Août 2016 à 19 Heures du mardi au samedi – Relâche le 25 Août 2016 –

Le joueur déchecs 2Auteur : Stefan SWEIG
Artistes : André SALZET
Metteur en scène : Yves KERBOUL

Stefan SWEIG a souvent mis en scène des personnages solitaires dans leur bulle intérieure, presque coupés du monde. Mais il n’y aurait pas d’histoire s’ils ne se trouvaient pas confrontés à un événement extérieur, une émotion qui viennent bouleverser leurs illusions d’autarcie individuelle.

S’il paraît foncièrement individualiste Stefan SWEIG est conscient que l’homme est un être social . Le boire et le manger ne suffisent pas à un individu pour vivre, sans communication humaine, il est voué à la mort.

Plancher de solitude, lumière accrue de l’extérieur qui bouscule un être contraint par réflexe de protection à se replier sur lui même ou mouvements insipides d’actions qui se déroulent sans émotion particulière, configurent des états de consciences indépendants ou parallèles qui peuvent fort bien s’ignorer.

C’est manifestement ce qu’exprime Stefan SWEIG dans sa nouvelle « Le joueur d’échec » ou l’auteur qui a l’esprit d’escalier prend un malin plaisir à faire descendre le lecteur, juste muni d’une petite torche au fond d’un mystère humain.

Au départ, le narrateur obligeant et aimable raconte juste une anecdote souriante, sa rencontre lors d’une croisière avec un champion du monde d’échecs. Le narrateur est juste un homme curieux, doué d’un certain flair psychologique, pour qui la nature humaine n’a pas de secrets, quoique. Pour occuper sa croisière, il décide d’organiser une partie d’échecs entre un homme d’affaires imbu de sa personne et le champion également assez arrogant.

Le profil psychologique de ces personnages n’est pas très excitant, le champion et l’homme d’affaires étant aussi bornés l’un que l’autre. C’est alors que survient un 3ème personnage qui va chambouler cette partie d’échecs vouée à l’ennui.

Nous n’en dirons pas plus car toute la saveur de cette nouvelle tient au suspense, à cette façon si particulière qu’a l’auteur d’éclairer par de menues descriptions comportementales chacun des protagonistes.

Le point de l’intrigue, c’est bien sûr ce 3ème homme qui va jouer la partie d’échecs sans qu’aucun de ses partenaires, hormis le narrateur, ne s’intéresse à ses réelles motivations.

Il s’agit bien du dernier homme, celui qui a subi l’isolement et la torture dans une geôle des nazis en Autriche dont l’apparition à l’occasion d’une partie d’échecs ne viendra troubler que de façon éphémère et absconse l’ordre des choses. Qu’importe le vécu de cet homme qui pourrait s’appeler personne, il est venu pour jouer, il a joué. Échec et mat.

De toute évidence dans cette nouvelle qui sera publiée à titre posthume, Stefan SWEIG barre d’une grande ombre une autre partie d’échecs celle de la guerre en Europe déclarée par Hitler qui le poussa à s ‘exiler à Londres puis au Brésil avant de se suicider .

Dans cette nouvelle sont perceptibles nombre de faux fuyants de notre conscience, de multiples mouvements d’ombre et de lumière que la mise en scène d’Yves KERBOUL s’est attachée à exprimer de façon sobre mais très sensible.

Le jeu très transparent d’André SALZET qui signe cette remarquable adaptation, laisse courir les émotions au-delà des murs. C’est face à nous mêmes que nous nous retrouvons. L’appel au secours de Stefan SWEIG est hélas toujours d’actualité !

Paris, le 30 Juillet 2016                      Evelyne Trân

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