théâtre d’objets, d’images et de sons, spectacle tout public à partir de 5 ans,
jauge 60 spectateurs –
conception, scénographie, texte, interprétation Katerini Antonakaki
regard extérieur, lumières, bruitages Sébastien Dault
piano enregistré Ilias Sauloup vidéo Mickaël Titrent
extraits l’Odyssée d’Homère – la lettre de Pénélope à Ulysse d’Ovide –les plaisirs de la porte de Francis Ponge
Figure mythique de l’Odyssée, Pénélope appelle l’apaisement. Son voyage immobile, il apparait déjà sur son visage, par exemple sur un vase grec la montrant en train de tisser un voile. Il ne s’agit que d’une image bien sûr, apparemment immobile, mais les esprits contemplatifs savent bien que l’immobilité est une illusion de notre perception et que le temps s’amuse avec les vivants car en dépit de toutes les horloges et mesures du monde, il reste très subjectif.
Que peuvent bien peser les vingt années de Pénélope en train d’attendre son époux Ulysse par rapport à une course de marathon, l’explosion d’un bouchon de champagne ou l’attente insupportable devant un guichet quelconque.
Le temps c’est comme une cruche qui aboie. Imaginez une porte entrouverte qui laisse passer un rai de soleil. Vous n’avez rien à faire, sauf à entrer, sauf à vous laisser guider par cette mince lumière incarnée par Katerini ANTONAKAKI qui entraine les spectateurs dans un audacieux et fantastique jeu de piste à la découverte des nombreuses pièces de la maison de Pénélope.
Auparavant, le public avait pu découvrir les maquettes miniatures des meubles qui composent l’intérieur de la maison dont le plan est dessiné à même le sol. Equipée d’une petite valise, Katerini, Pénélope, jette le dé qui va décider de l’ordre de son parcours. A chaque pièce correspond un morceau de puzzle de carte de ce pays imaginaire. Chacun des petits objets sur la route de Pénélope, loin de représenter des temps morts, appellent le clin d’œil, ils transpirent, ils crient dans le silence, ils rougissent d’exister tout à coup dans l’incongruité d’un regard inconnu, celui d’un spectateur.
Katerini ANTONAKAKI marche pieds nus comme si elle avait conscience que le silence et la fixité apparente des objets pouvaient être bouleversés par la venue d’un humain et qu’il fallait aller très doucement à leur rencontre.
Les bruitages, les lumières assurés par Sébastien DAULT sont en symbiose avec cette Pénélope dont le voyage immobile se révèle très actif : elle est non seulement danseuse, équilibriste mais aussi l’interprète d’extraits de l’Odyssée d’HOMERE, la lettre de Pénélope à Ulysse d’OVIDE et les plaisirs de la porte de Francis PONGE.
Extraordinaire voyage immobile, ineffable, Katerini ANTONAKAKI cultive le temps presque à la façon des enfants. Disons qu’elle apprivoise le temps, celui qui se dépose sur les objets vivants dont on a besoin pour se rappeler à soi-même, mais qui peuvent être aussi capricieux, inconnus et bizarres à l’image de notre ombre, touchés, vécus !
Paris, le 30 Décembre 2015
Mis à jour le 2 Juillet 2016 Evelyne Trân