texte Valère Novarina (éditions P.O.L)
mise en scène Valère Novarina, Céline Schaeffer
collaboration artistique Guy Régis Jr
avec Édouard Baptiste, Bedfod Valès, Jenny Cadet, Jean-Marc Mondésir, Ruth Jean-Charles, Anyès Noël, le musicien Finder Dorisca et l’Ouvrier du drame Richard Pierre
scénographie Céline Schaeffer, Richard Pierre, Valère Novarina
lumière Claude Fontaine
musique Finder Dorisca
peintures Bedfod Valès, Édouard Baptiste, Valère Novarina
régie générale Richard Pierre
Des hommes qui se retrouveraient tout seuls avec des mots pour brailler leur existence, parce qu’après tout le fait de parler c’est ce qui différencie l’homme de l’animal.A moins que l’humain ne soit simplement un animal qui parle….
Parler avant de penser, ouvrir les vannes d’un désir frénétique d’être parlant, celui qui devient l’appel d’air d’une profusion de paroles qui s’échapperaient de tous les coins du corps . Corps qui devient carte du monde humain parlant, vaste exploration.
Désordre, big bang, terre retournée par le magma de de la mémoire humaine qui regorge d’incongruités, foutoir de la pensée où se retrouvent pèle mêle des aphorismes de Shakespeare, de la Bible, qui exulte sous les balivernes de discours de singes savants, se soulage, s’étonne, s’éblouit et se noie.
La scène imaginée par Céline SCHAEFFER et Valère NOVARINA avec un décor peint par lui même, Valès BEDFOD et Édouard BAPTISTE, est un lieu d’apparitions, sorte de clairière préhistorique, innocente, avant la parole .Chaque comédien est porteur de messages, comme ces femmes porteuses de cruches d’eau sur la tête.
L’acte de la parole est physique, et même si la montagne n’accouche que d’une souris, l’acte de profération rejoint le souffle des oreilles, du regard, de la chair fumante, désolée, angoissée, délirante.
Quand le théâtre devient un lieu de naissance d’accouchement sans fard de l’homme emmailloté de linge scriptural, l’homme barbu de mots, et que sur sa face luisante, finalement tout ce qu’il peut dire court-circuite le singe savant, les comédiens dressent l’étendard de la parole qui pointe du doigt la mort.
L’acte dérisoire devient magique, l’insolation cosmique, et le théâtre comme une grande bouche ouverte où les comédiens lanceurs de mots jusqu’aux étoiles parlent du ciel d’HAITI.
Merci Seigneur public ! a dit l’un des artistes profondément ému à l’issue de la représentation. Nous répondrons de même : merci à vous Seigneurs comédiens Haïtiens, merci !
Paris, le 21 Mai 2016 Evelyne Trân