Les cris de désespoir, les témoignages des victimes de la catastrophe de TCHERNOBYL, sont-ils vains ? Qui a envie de les entendre, qui s’en souvient ? A quoi sert-il de remuer les vieilles plaies ?
Svetlana ALEXIEVITCH ne veut pas croire qu’une catastrophe telle que celle de Tchernobyl, en 1986, il y a trente ans, puisse être une fatalité. Depuis, hélas, il y a eu l’accident nucléaire de FUKUSCHIMA en 2011. Elle met en cause l’inconscience des hommes qui peut mener au désastre.
En exergue d’une des éditions de ses œuvres, il y a cette phrase « J’ai toujours été curieuse de savoir combien il y avait d’humain en l’homme, et comment l’homme pouvait défendre cette humanité en lui ».
Cette phrase s’applique tout à fait à Valentina TIMOFEIEVNA PANASSEVITCH épouse d’un liquidateur décédé après une longue agonie.
En parlant de lui, elle ne peut faire entendre que l’amour qui la rattachait à cet homme. Son récit est un véritable cri d’amour d’autant plus poignant qu’elle ne peut s’arracher à la vision de la destruction par les radiations de l’être aimé, insoutenable.
L’amour qui brûle en elle, qui la consume, c’est la force inépuisable qui lui permet de crier sa révolte contre l’atroce mort dont a été victime son mari. Que bien peser cet amour face à l’indifférence des hommes, leur lâcheté ?
Pour Svetlana ALEXIEVITCH qui a recueilli dans « La supplication » les témoignages de ceux qui sont appelés parfois avec dédain, les Tchernobyliens, les voix des victimes doivent être entendues, elles seules peuvent permettre la prise de conscience de la communauté, de l’enfer de la catastrophe de Tchernobyl, du danger nucléaire qui menace l’humanité.
La beauté de la déclaration d’amour de Valentina est sans commune mesure avec la froide réalité de la mort, les souffrances subies, mais cette illumination d’amour qui investit Valentina la représente en tant que femme, en simple femme. Qu’est-ce que cela veut dire être humain sinon être capable d’aimer, d’aimer la vie. Comment les hommes pourraient-ils se résoudre à effacer de leur paysage cette notion d’amour qui donne un sens à la vie ?
L’amour combat pour la vie. Il ne s’agit pas d’une croyance, il s’agit d’une réalité fortifiante, encourageante, pleine d’espoir. Un monde qui puisse encore être regardé avec des yeux d’enfant, quelle mère, quel père n’y songent pas ?
Mise en scène de façon très sobre par Laure ROUSSEL, Coralie EMILION-LANGUILLE illumine cette femme amoureuse et douloureuse, une Valentina femme flamme infiniment courageuse !
Paris, le 8 Avril 2016 Évelyne Trân