Le Dernier Jour d’un(e) condamné(e) de Victor Hugo au THEATRE DE L’ESSAION – 6, rue Pierre au Lard 75004 PARIS – Du 4 Avril 2016 au 31 Mai 2016 – Lundis et mardis à 21h30 –

 

LUCILLA

Auteur : Victor Hugo   Mise en scène : Pascal Faber et Christophe Borie

 Distribution : Lucilla Sebastiani

Le dernier jour d’un condamné à mort pourrait bien figurer l’épine dorsale de l’oeuvre de Victor Hugo. Parce que paradoxalement, il s’agit d’un hymne à la vie. Victor Hugo avait 28 ans lorsqu’il a écrit ce texte . L’homme qui parle dans son cachot en attendant le couperet n’est qu’un humain au sens le plus littéral. Faut-il qu’il soit acculé à la dernière extrémité pour rendre grâce à la vie ?

L’humain condamné est jeune et sain, en pleine force de l’âge. La vie qu’il sent en lui, on est en train de lui dire qu’au nom de la loi, on va l’arrêter. Qui ça on, des juges, des bien pensants, qui tiennent pour rien l’arbre de vie que représente son corps – Vous allez me tuer en pleine chair pensante, crie cet humain, vous allez me tuer vivant alors que je suis déjà mort pour vous, parce que ceux qui condamnent à mort n’entendent pas la vie. –

A travers le regard de cet humain qui n’a plus que quelques semaines à vivre, Victor Hugo dénonce, l’attitude inique des juges qui se retranchent derrière l’écriteau de la loi. Que peuvent ils faire d’autre d’ailleurs ? Faut-il qu’une sentence de mort mette fin aux troubles de la pensée, au doute. – Oui, maintenant que cet homme a été condamné, nous pouvons arrêter de penser à cet homme criminel. Qui prouve d’ailleurs qu’il fût un homme, il n’existe plus, nous l’avons effacé . Seul le tranchant un peu rouillé de la guillotine pourrait rappeler notre geste . 

Le souvenir d’une exécution publique d’un condamné ne s’est jamais effacé de l’esprit de Victor Hugo qui a combattu sa vie durant pour l’abolition de la peine de mort. Le journal d’un condamné à mort est un témoignage ulcéré de la part d’un homme qui se demande comment rester humain dans une société aveugle, devenue une bête humaine lorsqu’elle crie “A mort” pour réclamer la tête du criminel.

Il s’agit d’un texte fort qui a du ventre, des tripes. Qui mieux que Lucilla SEBASTIANI peut mettre en valeur ce texte en chair et en os. Car il faut de l’étoffe pour incarner cette condamnée qui parle de la vie d’une façon si lumineuse. Impossible d’oublier la prestation de cette comédienne et la mise en scène de ce spectacle.

Parce que c’est extraordinaire de ressentir comment la présence d’un seul être peut remplir l’espace qu’il soit celui d’une chambre ou d’une geôle. Plus que les chaines, ce sont les ailes de cette condamnée qu’entendent éclairer les metteurs en scène, Pascal FABER et Christophe BORIE, des ailes qui fouillent la vie, de façon sensuelle, à même le sol, à même une marelle où s’écrit à la craie la vie contre vents et marées.

Il faut cette incarnation du roman de Victor Hugo pour comprendre combien il est brûlant, actuel, universel.

Et puis, il faut le reconnaître c’est émouvant d’entendre dire ce texte par une femme, de l’entendre en tant que mère évoquer sa fille Marie. Extraordinaire Victor Hugo capable de se mettre aussi bien dans la peau d’un homme ou d’une femme, nous pensons à Lucrèce Borgia, toujours à la recherche de sa vérité, qu’elle soit obscure ou palpable.

Avec un tel spectacle, il y a le risque de se retrouver face à soi même, mais ce risque d’être touché corps et âme au théâtre, vaut tous les déplacements !

Paris, le 18 Juillet 2015,

Mis à jour le 27 Mars 2016                      Evelyne Trân

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