POLYEUCTE au THEATRE DE L’ESSAION – 6, rue Pierre au lard (à l’angle du 24 rue du Renard) 75004 Paris – Du 1 Février 2016 au 29 Mars 2016 Les lundis et mardis à 19h30 –

polyeucte

Auteur : Pierre Corneille

Mise en scène : Ulysse Di Gregorio
Scénographie : Benjamin Gabrié
Costume: Salvador Mateu Andujar
Distribution : Justin Blanckaert, Dorothée Deblaton, Christopher Bayemi, Bruno Guillot, Coline Moser 

 Les incroyants, les athées, les adeptes du « Ni Dieu, ni maître » seraient tentés de jeter au panier ce panégyrique à la religion chrétienne que constitue la tragédie de Corneille, Polyeucte.

D’un point de vue historique, l’œuvre est néanmoins riche d’enseignements . Nous n’ignorons pas, en effet, que la royauté reposait sur le droit divin et le pouvoir de l’église, notamment celui des jésuites, à l’époque de Corneille.

Qu’entendons nous aujourd’hui dans cette pièce sinon qu’un homme jette le trouble dans sa famille, dans l’Empire parce qu’il s’oppose au polythéisme romain, au nom de la religion chrétienne et ce faisant il s’expose à la mort qu’il ne craint pas.

S’agit il d’un illuminé ? Cette question son beau père Félix, et Pauline sa femme se la posent tout simplement parce qu’ils n’ont pas été touchés par la grâce divine comme Polyeucte. Ni les larmes de Pauline ni les efforts de Félix, très contrarié, ne réussiront à faire renoncer Polyeucte à sa religion . Ce dernier sera exécuté et deviendra un martyr chrétien, un saint.

Parce qu’il ne craint pas la mort, voilà un homme qui met en danger l’ordre terrestre. Mais il s’agit d’un héros, d’un être exceptionnel dont Corneille exalte la vertu morale . Cette vertu s’exprime aussi à travers les personnages de Sévère et de Pauline anciens amoureux qui ne profitent pas de la situation bien au contraire. C’est ainsi que Pauline bien qu’abandonnée par Polyeucte, tentera en vain de le sauver. Par ailleurs, elle manifeste beaucoup de tolérance à l’égard de la croyance de Polyeucte qu’elle ne partage pas .

Tout se passe comme si Polyeucte aux yeux de son entourage était atteint d’une grave maladie, la religion chrétienne, et qu’en raison de ce cas extrême, ses proches avaient décidé de surmonter leur incompréhension, et de taire leurs propres passions, pour le soutenir.

« Quel écho peut bien avoir à notre époque, le martyr d’un seigneur arménien du III siècle… » C’est la question qu’expose le metteur en scène Ulysse DI GREGORIO. La langue de CORNEILLE est fort belle, l’alexandrin remarquablement maîtrisé par les comédiens, la mise en scène sobre, les costumes de toute beauté, et la scénographie qui dispose sur la scène plusieurs colonnes où transparaissent de curieuses têtes sculptées, est impressionnante.

Mais en dépit du talent de Corneille, cette vertu morale qu’est censé incarner Polyeucte nous échappe. A quelques siècles près, dans un autre contexte, ce héros pourrait-il se transformer en saint résistant, en apôtre de Staline, de Mao, Che Guevara etc. Chacun son dieu et combien d’idoles brisées !

Les transports de Polyeucte révèlent son peu de foi en l’homme, celle-là viendra t-elle ? N’attendons pas de miracle !

Paris, le 14 Février 2016                               Evelyne Trân

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