Voyage Viêt Nam
VOYAGE VIETNAM 3mn 42
Tu as barbouillé tes songes, habillant les voix de femmes recroquevillées.
Plus étonnée qu’une étincelle d’eau
s’échappant du chapeau d’une paysanne courbée dans la rizière.
Un grain de riz glisse de ton œil ouvert.
Aurais-tu peur ?
Tu bascules de l’idée à la forme,
Sans le moindre effort.
Ils ne recueillent plus le grain de riz.
L’étendue d’une rizière couvre le visage d’une femme vietnamienne.
Les mots ont l’allure d’insectes qui se faufilent à pente douce
comme les lézards au-dessus des marches.
L’heure est au lézard ce qu’un rayon de soleil est à une plante d’eau.
Et ma voix sort du filtre, encore poisseuse, humide, étrangère,
Elle a dix mille kilomètres et la couleur de la queue d’un dragon
Qui se serait soulevée pour lécher la montagne.
Roseau qui penche contre une pensée musclée.
Des hommes prisonniers apprivoisent la nature qui déborde
En grimpant au-dessus des barbelés.
Ils ont tous un cousin dont le nom signifierait ciel dans une nouvelle langue.
Tu es devenue une plante,
Il faut te caresser pour t’entendre,
Il faut te maudire pour te dire,
Enfin sourire à l’intérieur de la vague
Evelyne Trân.